• Asie, Inde du Sud, Kerala, Fort Kochi, Cochin, Kathakali, Keechaka Vadham, Souvenirs de Voyages, Pixanne Photographies
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Fort Kochi (Cochin) * Kathakali * Keechaka Vadham

Kathakali est la combinaison harmonieuse de cinq moyens d’expression : La danse, l’expression faciale, la poésie, le chant et le maquillage créent ce « théâtre dansé » qui instruit et divertit. «Katha» signifie histoire et «Kali» signifie jeu, ce qui nous donne littéralement « Histoire Jouée » en malayalam (langue locale).

C’est une des formes de théâtre les plus anciennes au monde. Il est originaire de la région du sud-ouest de l’Inde maintenant connue sous le nom d’État du Kerala. Les acteurs jouent divers rôles dans des performances traditionnellement basées sur des thèmes de la mythologie hindoue, en particulier les deux épopées, le Ramayana et le Mahabharata. La troupe du Kathakali est composée habituellement de douze acteurs, quatre chanteurs et quatre percussionnistes. Ce sont toujours des hommes qui interprète les personnages, qu’ils soient hommes ou femmes.

Le Kerala Kathakali Center est l’un des célèbres théâtres du sud de l’Inde. C’est là que nous avons découvert le Kathakali. Mais avant le spectacle nous assistons d’abord à la séance de maquillage des acteurs. Très minutieuse et assez longue, elle dure 1 heure.

La préparation

Une personne dessine, à main levée, quelques Kolams en guise de bienvenue, pour porter chance mais aussi pour le côté esthétique. Le dessins est réalisé d’une main habile en semant de la poudre de riz entre le pouce et l’index sur un sol humidifié. Une douce musique est jouée en bruit de fond et une lampe à huile et allumée sur scène.

Le maquillage

Trois acteurs entrent en scène pour le maquillage. Un miroir dans une main et un jonc dans l’autre, ils commencent à se peindre le visage d’une couleur homogène : Verte pour les dieux et les héros positifs, rouge pour les violents et les ambitieux, jaune pour les mortels, noire pour les démons. Ils allongent leurs yeux jusqu’aux oreilles avec une pâte noire ou blanche, selon le personnage joué. Il n’emploie pas des pinceaux, mais des joncs de petite dimension ou leurs doigts.

C’est grâce au maquillage et au costume que le kathakali est immédiatement reconnaissable. Par une longue transformation, l’acteur devient le personnage qu’il va incarner. Dieu, démon ou princesse, il se transforme en créature mythique qui peut durer jusqu’à 5 heures. C’est aussi une méditation et une mise en condition corporelle. Les acteurs se recueillent pour se maquiller. Le silence le plus absolu règne entre eux.

Certains maquillages sont très complexes. Un des acteurs se confie aux mains d’un maquilleur spécialisé. Étendu par terre, le corps entièrement relaxé, respirant rythmiquement et profondément, il se concentre sur son rôle. Il tombe dans une espèce de torpeur, favorisée par la chaleur de l’après midi. Dans ce sommeil se déroule un processus psychique qui, de personne privée, transforme l’acteur en Dieu ou Démon, selon le rôle qu’il a à jouer.

Le maquilleur travaille sur le visage de l’acteur. Avec la plus grande concentration, il créé une barbe en appliquant de la pâte de riz pour y insérer des bandes de papier. Il l’attache soigneusement à la mâchoire de l’artiste. Pour finir il applique ensuite le Chutti (maquillage) avec un bâton de bois dur à partir duquel la pâte de riz tombe sur la peau. Il y a une belle maitrise. Le Chuttikkaran (maquilleur) manœuvre rapidement et avec dextérité son bâton pour dessiner des contours délicats et des dessins.

L’acteur termine le travail. Les lèvres sont peintes en rouge, avec deux petits ronds peints sur les deux côtés, également en rouge. Selon le personnage, l’acteur brode son visage de minutieuses particularités. Ainsi les démons ont les narines rouges, les personnages belliqueux portent deux petites boules blanches, l’une à l’extrémité du nez, l’autre sur le front.

Toutes les couleurs utilisées dans le maquillage sont obtenues à partir de substances naturelles et d’herbes. L’huile de coco est utilisée comme base pour mélanger des poudres de pierre. Cela demande une longue préparation avant le spectacle. Les peintures sont élaborées par des spécialistes dans le théâtre même. Ah j’oubliais, les yeux tirent leur couleur rouge d’une minuscule graine inoffensive insérée dans les paupières juste avant le début du spectacle. l’effet durera un peu plus de 5 heures. Mais chut… les artistes se sont retirés et le spectacle commence.

La musique

La musique et le chant envahissent l’espace. Dans le Kathakali, les chanteurs ont un rôle déterminant car ils énoncent le texte dont l’auteur a définit les modes mélodiques « raga » et les cycles rythmiques « tala« .

Les chanteurs marquent les cycles rythmiques et le tempo sur un petit gong et une paire de cymbales; ces sonorités métalliques structurent le jeu des tambours, comme dans tous les ensembles de percussions du Kerala. 

Les deux types de tambours utilisés dans le Kathakali sont le maddalam et le chenda. Le maddalam est un tambour horizontal frappé avec les mains et les doigts. Le chenda est letambouremblématique du Kerala. Suspendu à l’épaule du musicien, il est joué avec deux baguettes courbes.

La musique dans le kathakali est le véhicule de l’émotion, exprimée conjointement par les musiciens, les chanteurs et les acteurs. Sa fonction est de mettre en valeur le récit et le jeu expressif des acteurs dans les différentes émotions. L’acteur restant muet, le chant est la « parole » de celui ci. Je me laisse emporter par la musique..

Performance et démonstration

Un acteur prend place sur l’unique élément du décor, un tabouret. Puis, au rythme des tambours, les expressions du visage changent. Dans le Kathakali, l’acteur raconte l’histoire en utilisant les gestes des doigts et des mains (mudras) et, les regards et les expressions du visage et des yeux (rasas). Les 9 expressions de base sont : le bonheur, le sarcasme, la tristesse, la colère, la bravoure, la peur, la répulsion, l’émerveillement et la tranquillité. Je suis émerveillée devant la capacité de l’acteur à utiliser les muscles de son visage. Tour à tour, les yeux roulent ou se déplacent dans n’importe quel sens, un cils se lève, puis l’autre puis les deux.. un muscle frémit dans une joue.. Mes yeux ne quittent plus la scène.

Le spectacle

Il y a environ 101 histoires classiques dans le Kathakali qui sont tirées des épopées hindoues, le Mahâbhârata, le Râmâyana et de la vie de Krishna. Dans le passé, les représentations du Kathakali duraient toute la nuit. Aujourd’hui on peut voir des séances de Kathakali plus courtes, environ trois à quatre heures.

La représentation à laquelle nous assistons s’intitule Keechaka Vadham, littéralement : « Le Meurtre de Kichaka ». C’est une des histoires célèbres tirées de l’ancienne mythologie hindoue : le Mahabharatha.

Histoire de l’extrait joué : Dans le palais de Virade, Kichaka est attiré par Malini. Il la supplie d’accepter son amour, d’accéder à ses désirs. Comme Malini se refuse, il use de sa puissance pour la faire céder à ses avances. Malini va alors se confier à Bhima, le fort et le plus courageux de ses maris. Celui ci la console et l’assure qu’il la vengera de Kechaka. Il le tuera dans un lieu sombre du palais.

3 acteurs, 2 musiciens et 1 chanteur nous ont emportés dans cette histoire dramatique, mais magnifique. Merci à eux de nous avoir fait ressentir les émotions de leurs personnages. C’est gagné nous avons été touché.

Le travail de l’acteur de Kathakali est très exigeant au niveau du physique et de la concentration. C’est pour cette raison que les acteurs de Kathakali s’entraînent au Kalaripayat ou Kalaripayattu, l’art martial antique du Kerala. L’apprentissage du Kathakali peut durer 8 à 10 ans et il est très intensif.

Kerala Kathakali Center n’est pas uniquement un théâtre pour présenter des spectacles de Kathakali mais aussi une école dans laquelle viennent se former des danseurs de tous pays pour se perfectionner dans leur art. Les centres d’art du Kerala attirent une foule considérable, mais la préservation de cet héritage mourant repose sur quelques épaules. Je souhaite que cet art perdure encore longtemps.

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