Deuxième temps fort, après le Morgenstreich, lors du Carnaval de Bâle, la grande parade (Cortège). Qu’il pleuve, vente ou neige ou qu’il fasse beau il aura lieu. Le cortège a lieu l’après-midi du lundi et du mercredi du carnaval.
Le Mardi, quant à lui, est réservé au carnaval des enfants. Ce jour là, accompagnés de leurs parents, grands-parents ou d’autres adultes, les enfants parcourent les rues de la ville en petits groupes. Ainsi la tradition perdurera sans doute encore longtemps.
Lors du cortège, de 13h30 à 18h00, chars, Guggenmusik, Cliques et quelques 20 000 carnavaliers défilent.
LE CORTEGE
Le cortège s’étire sur les artères principales de la ville et on croisse, ici ou là, des cliques aperçues dans la nuit ou au petit matin. L’ambiance est incroyable, le Carnaval de Bâle est magique. Jeunes et moins jeunes sont rassemblés par une même ferveur. L’amour de la musique et du déguisement. Environ 300 cliques animent le cortège et les costumes sont de toute beauté.
Tout comme lors du Morgenstreich, on retrouve les lanternes accompagnées de leur avant garde et des fifres et tambours, mais pas que.. d’immenses chars participent au défilé. Du haut de ces chars, des waggis nous jettent, qui des bonbons, des confettis, voir même des oranges, des fleurs ou des poireaux. Si, si, je vous l’assure, oignons et poireaux sont aussi distribués.
Lors du Carnaval de Bâle, le Cortège défilent à travers le centre-ville selon un itinéraire prédéfini (ci-dessous) de quelque 3,4km. Il vous faudra un peu moins d’1H si vous souhaitez le faire ,vous aussi, pour accompagner le défilé.
Lors des défilés, les spectateurs sont invités à regarder les cortèges de cliques qui déambulent dans les rues bâloises. Particularité du Carnaval de Bâle ? Le public ne se mêle pas au cortège et n’a pas le droit de porter de masque ou de se déguiser. Mais, ne vous inquiétez pas. Vous serez suffisamment occupé à récupérer les fruits, fleurs, légumes, bonbons et peluches qui sont distribuées par milliers de kilos.
LES ZEEDEL
Lors des cortèges les cliques distribuent aussi des « Zeedel ». En Alsacien, le zeedel est une étiquette ou une liste. En dialecte Bâlois, c’est un longs morceau de papier de couleur sur lesquels est imprimé un texte satirique écrits en vers. J’avoue donc que, même pour moi, il est un peu difficile à lire et comprendre ces pamphlets.
Les grands thèmes de l’actualité, locale ou nationale, y sont traités de façon ironique et spirituelle. Le Carnaval de Bâle correspond aussi à libération totale de l’expression. Les responsables politique, locaux ou nationaux, en prennent pour leur grade. Cependant, deux condition sont requises. S’exprimer en vers et être drôle.
Les personnages incontournables du Carnaval de Bâle
Harlekin
Harlekin (Arlequin en Français) est issu de la Commedia dell’arte. Là, Arlecchino fait parti des nombreaux zani et représente un valet ou un serviteur. A l’origine son costume était très simple. Une chemisier blanc large et un pantalon long, large lui aussi. Puis, au fil du temps, le costume et le personnage a évolué. Le valet est devenu plus élégant, plein d’humour, ironique et triste. Son costume devient plus élaboré. Vers la fin du XVIe siècle, il était déjà défini par le motif en losange tricolore (vert, rouge, jaune) composé de triangles. A Bâle, Outre le motif en losange, la collerette et le bicorne, d’autres caractéristiques telles qu’une cape, un sarouel jusqu’aux genoux et des pompons se sont développées dans l’arlequin, que l’on rencontre au Carnaval de Bâle. De plus, le masque révèle une légère pointe de mélancolie.
Waggis
Waggis est la représentation caricaturale d’un paysan alsacien du XIXe siècle. A cette époque, c’est ainsi que les Alsaciens eux-mêmes désignaient les vagabonds et/ou les ouvriers journaliers. De nos jours, en Alsacien, Wàckes signifie garnement ou chenapan.
Ce personnage est caractérisé par sa forte voix et sa grossièreté, ainsi que son habillement typique et son nez rouge. Mais pourquoi son nez rouge ? Pour mémoire, un Waggis (ou Wackes) était jadis un alsacien travaillant dans la ville de Bâle. Ne pouvant ramener son salaire chez lui, ces ouvriers journaliers avaient la réputation de boire sur place une bonne partie de leur argent. D’où les couleurs du drapeau français pour le costume. Et surtout le nez rouge, rappel de la réputation de bons vivants, voir d’ivrogne des Waggis.
Dans son style traditionnel et classique, le costume du Waggis correspond au costume du maraîcher Alsacien qui allait vendre ses produits sur le marché de Bâle. Chemisier bleu, bonnet pointu, pantalon blanc (autrefois aussi noir), sabots en bois, col blanc, écharpe colorée (rouge) et chaussettes tricotées à la main. Ainsi nous avons les couleurs du drapeau Français.
Au fil du temps, le costume du Waggis a fortement évolué. Alors que le masque était à l’origine emprunté à la commedia dell’arte, il a pris des traits de plus en plus grotesques. Ainsi, son nez et sa perruque sont devenus de plus en plus grand. Les couleurs du costume différent également de celles du costume original. Aujourd’hui, le Waggis existe dans d’innombrables combinaisons de couleurs.
Dummpeter
Celui là, j’avoue ne pas l’avoir croisé ou ne pas lui avoir prêter attention. Il n’a donc pas encore fait un grand retour. Alors, promis.. lors de mon prochain passage au Carnaval de Bâle je ne manquerai pas de partir à sa recherche.
Le personnage de Dummpeter avait quasiment disparu dans les années d’avant-guerre. Aujourd’hui, il fait un timide retour. Comment le reconnaitre ? Il a un visage enfantin et rêveur et, du fait de ses joues rebondies, il est souvent choisi par les groupes de fifres. Nul ne sait vraiment d’où il vient. Une thèse prétend toutefois qu’il s’appelait à l’origine Drummpeter et que son nom a été transformé, au fil du temps, en Dummpeter (« dumm » signifiant « sot »).
Alti Dante
Le personnage Alti Dante (vieille tante) est né vers la fin du XIXe siècle et jouissait d’une grande popularité au début du XXe. Elle est une représentation caricaturale d’une vieille dame distinguée de la haute société bâloise. Ses vêtements et accessoires rappellent parfois le style Biedermeier.
Le costume se compose d’une robe élégante ou, en deux parties, d’une jupe et d’une veste cintrée. Sous la veste, la vieille tante peut porter un chemisier. Le masque est souvent caractérisé par un nez pointu (sur lequel reposent parfois des lunettes) et un menton pointu. Le couvre-chef se compose d’un chapeau Capotte ou d’un chapeau Biedermeier, souvent décoré de fleurs, de plumes et d’autres décorations. D’autres accessoires possibles incluent un ridicule, des gants, un parapluie, des bottes à boutons, une écharpe indienne et un faux cul.
Ueli
Ueli évoque les bouffons (Fou du roi) de l’époque médiévale, dont son costume est inspiré. D’une part, il y a le bonnet de fou, qui remonte au soi-disant Gugel (une sorte de capuchon). Outre un haut et un pantalon de deux couleurs, il porte des cornes d’étoffe sur la tête. Elles symbolisent les oreilles de l’âne et se sont développés comme une autre caractéristique du fou médiéval. A cette époque, l’âne incarnait le vice de l’inertie, était stupide et donc ignorant. Il se caractérise également par les nombreux grelots fixés à son costume. On entend ainsi de loin le carnavalier déguisé en Ueli.
Blätzlibajass
Voilà encore un costume que je n’ai pas vu ou pris en photo lors de mes passages au Carnaval de Bâle. Mais, promis.. lorsque j’y retournerai je veillerai à trouver ces Blätzlibajass pour les prendre en photo.
Blätzlibajass est une conjonction des termes « Blätzli » et « Bajass ».
Blätzli désigne le morceau de tissu qui par centaine ou même millier de morceaux, composent et décorent le costume. Aujourd’hui, les pièces de tissu sont majoritairement en feutre et sont coupées en rond (en forme de langue) dans le bas. Dans la plupart des cas, toutes les pièces sont de la même taille et de la même couleur, de sorte que l’on pourrait parler d’une sorte de robe à écailles.
Bajass est l’expression Bâloise pour clown ou bouffon (Bajazzo en Allemand). Cette figure a également ses origines dans la Commedia dell’arte, sous le nom de pagliaccio. Il y est une figure de serviteur ou de valet (Zanni).
Pierrot
Le Pierrot du Fastnacht de Bâle trouve son meilleur idéal dans le Pierrot du début du XIXe siècle. L’acteur pantomime Jean-Gaspard Deburau en est l’image à Paris à l’époque. Comme lui, il porte un bonnet noir, qui à Bâle, est majoritairement en feutre. A cela s’ajoute sa nature un peu mélancolique et rêveuse.
Pierrot, lui aussi, a sans doute ses précurseurs dans les figures dites servantes (Zani) de la Commedia dell’arte. Il semble certain que le personnage est venu en France au XVIe siècle par l’intermédiaire de troupes de théâtre italiennes et s’y est développé sous le nom de Pierrot.
Le costume du Pierrot de Bâle est généralement coloré et se compose d’un haut ample et d’un pantalon ample (parfois trois-quarts). Les autres caractéristiques du costume en sont la plume de paon attachée au chapeau de feutre, des pompons d’une couleur différente du tissu du costume et une collerette. Le masque est souvent pourvu d’une perruque dense en raphia.
Voici les incontournables tels que définis par les Bâlois eux même. Mais il y en a tant d’autres. Tous plus beaux les uns que les autres.
Animaux, personnages politiques, clowns, brasseurs…
Si vous assistez au Morgenstreich et au défilé du Carnaval de Bâle, la journée sera sans doute un peu longue. Mais pleine de joie et d’émerveillement. Alors vivez en l’expérience et donnez moi votre avis.
Informations pratiques :
Dates : Du 19 au 21/02/2024
Où : A Bâle
Tarif : Gratuit
Comment s’y rendre : Sur l’autoroute A35, prendre la sortie 17 en direction de Saint-Dié/Villé/Sélestat-Ouest
Rejoindre la D424 puis la N59 en direction de Châtenois
Page Officielle de la ville de Bâle et cette manifestation : Ici
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