La ville de Bergheim est une charmante cité médiévale, entourée de coteaux ensoleillés où murissent des très bon crus. Située à la croisée de la Route des Vins et de la Route du Haut Koenigsbourg, elle a connu une histoire riche et tumultueuse.

Bergheim la romaine
Bergheim est édifié à l’emplacement d’un ancien camp romain. La mosaïque trouvée en 1848 et qui est conservée au musée Unterlinden à Colmar le prouve. A l’origine elle comptait plus de 80 m². Cependant seul un huitième en sont sauvegardé. En 2006, on met à jour une nouvelle mosaïque de 12 m² et les murs d’une villa. Celle ci est exposée dans l’ancienne synagogue. Les deux mosaïques datées du IIIe siècle de notre ère appartenaient à une vaste et somptueuse villa de 7 800 m2 avec dépendances.

Bergheim au fil du temps
Donation, échange, achats.. Bergheim change maintes fois de fief et de seigneur. Sous la tutelle de Henri de Ribeaupierre, elle est élevée au rang de « ville libre ». En 1313 elle obtient les privilèges suivants : Droit de frappe de monnaie, droit de perception de douane et droit de refuge.
De nombreux vestiges historiques de cette époque y sont bien conservés. Par exemple, la Porte Haute à l’entré de la ville, construction gothique à deux étage, les tours ou le « Herrengarten » magnifique jardin d’agrément dans lequel se dresse le Tilleul de l’An 1300. Impossible de prendre une photo du tilleul puisqu’il semble être aujourd’hui le point de rassemblement pour bavarder entre voisins. Ce sera donc pour une autre de mes visites à cette charmante citée.

La Porte Haute (Obertor) date du 14ème siècle. Elle gardait l’entrée ouest de la ville. Aujourd’hui, c’est l’élément le plus imposant de la 1ère fortification. Elle est la seule des portes conservée de nos jours. En 2016, elle a fait l’objet d’une restauration scrupuleuse. C’est le point de départ qui conduit à la promenade « Chemin des Remparts ». Alors en route..
Le chemin des remparts
Tout autour de la ville, le « Chemin des Remparts », présente sur 2 kms, des murs d’enceintes couronnées de tours originales. Ces remparts datent du 14ème siècle.
Il est possible de se promener en toute quiétude sur le chemin des remparts, de jour comme de nuit. Des panneaux explicatifs sont installés tout au long du parcours. La durée de la balade est d’environ 1H.

Pour ma part c’est avec une habitante de Bergheim que je me suis promenée. Alors que je cherchais mon chemin, elle m’a proposé de faire un bout de chemin avec moi pour me présenter sa ville. Merci encore à mon guide du jour 🙂
Tour Deiss, Tour de la Poudrière, des Sorcières, de l’Allumeur, des Munitions.. Les tours ponctuent le Chemin des Remparts et en font une promenade insolite et agréable.

Bergheim et les sorcières
Mais pourquoi la Tour des Sorcières ? Très méconnus de l’histoire de l’Alsace, des procès en sorcellerie ont eu lieu à Bergheim entre 1582 et 1683. 43 femmes y sont jugées de manière expéditive et livrées au bûcher.
Bien à l’abri derrière ses murailles, tellement bien protégée.. Ceux qui gouvernent alors Bergheim et qui représentent leur seigneur, les Habsbourg d’Autriche, se sentent libres de réprimer dans le sang, ce qui leur semble être des troubles à l’ordre public. Déjà à Colmar tout proche, entre 1570 et 1572, 46 femmes sont brûlées vives pour sorcellerie !!!

Le premier procès de sorcellerie à Bergheim a lieu en 1582. Accusée de tout et de rien, de pactiser avec le diable, de se servir de baguettes magiques, de jeter des sorts…. Entre 1582 et 1683, pas moins de 43 femmes sont torturées pour obtenir leurs aveux. Jugées de manière expéditive elles sont condamnées a être brulées vives. Pour les plus chanceuses d’entre elles on prononcera la décapitation. Une peine de mort « adoucie » puisqu’elles seront brûlées après avoir été décapitées !
C’est finalement Louis XIV qui, sur la demande de son ministre Louvois, met fin à cette folie meurtrière. Il interdit les jugements de crimes de sorcellerie en 1682.
Aujourd’hui, un petit musée appelé la Maison de Sorcières revient sur cette page sombre de l’histoire locale. En s’appuyant sur des faits historiques, et des archives de compte rendu de procès conservés à Bergheim. La Société d’histoire de Bergheim tente de remonter le fil du temps et de découvrir les raisons du déclenchement de cette chasse aux sorcières. Elle a été presque aussi féroce, mais moins connue, que celle de Salem.

Lack'mi
De 1534 à 1852, l’entrée Ouest abrite le « LACK’MI ». C’est un personnage qui, par ses gestes peu gracieux, se moque de l’impuisance de ses poursuivants. Il les nargue en dévoilant son derrière et en leur faisant un pied de nez. Ce personnage est célèbre dans toute la région. Il illustre le droit d’asile reconnu à Bergheim depuis 1361 mais pas que.. Il est également la représentation de l’expression populaire « Leck mich am Arsch » qui signifie littéralement « lèche moi le cul ».
Entre 1530 et 1667, 752 individus auteurs d’homicides, de blessures ou des débiteurs insolvables se présentent aux portes de la ville pour demander asile. Sur ces 752 demandes, 744 ont été accueillies favorablement. Pour être admis, il fallait toutefois que le délit fut excusable et sans préméditation. En 1534, un habitant de Rodern qui avait obtenu asile, fit, à titre de reconnaissance, ériger un monument allégorique près de la Porte Haute, le « Lack’mi ». Disparut mystérieusement en 1852, la stèle retrouve sa place en 1997 grâce à un habitant de Bergheim qui en a réalisé cette copie.

Il fait bon se promener à Bergheim. Alors si vous visitez l’Alsace et la route de vins, n’hésitez pas à y faire une petit halte.
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