Carnaval dont l’origine est mi chrétienne et mi païenne, marque la fin de l’hiver et le renouveau du printemps.
Il est temps de sortir de chez soi.. Terminées les veillées devant la cheminée et les journées tristes et grises. On va faire la fête et du bruit pour chasser l’hiver et les mauvais esprits qui rodent, mais aussi manger gras avant la période de disette qu’est le carême.
En Alsace, comme chez nos voisins Allemands et Suisses, carnaval reste une fête bien ancrée dans nos traditions. Nous retrouvons souvent dans nos cortège l’influence de nos voisins. (Voir même nos voisins eux même)
En Allemagne, Carnaval est une fête bien plus importante qu’Halloween ou les festivités du Nouvel An. Cette période est même pour eux une 5ème saison, celle de Fasnacht (des carnavals).
Qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, nous chasserons l’hiver.
En Suisse, et particulièrement à Bâle, pour fêter Carnaval il faut mettre le réveil. La période festive commence par le Morgenstreich. A 4H du matin, le Lundi suivant le mercredi des cendres, la cloche de la Martinskirche retentit et toutes les lumières de la ville de Bâle s’éteignent.
Apparaissent alors les fifres et lanternes. Les groupes déambuleront toutes la nuit. Au bout de la nuit les lanternes seront exposées sur la Münsterplatz, pour être admirées de tous.
Les groupes de fifres et tambours et les cliques ne cesseront de jouer que le Jeudi matin peu avant 4 heures. Après une ultime marche et un morceau de musique, le temps et venu de se séparer. Mais, rassurez vous, ce n’est que pour mieux se retrouver l’année suivante.
En Alsace, dans nos cortège nous croisons bon nombre de Guggamusik ou groupe de sorcières et autres monstres qui viennent d’Outre Rhin, nous prêter main forte pour chasser l’hiver.
Mais de quoi se compose un Carnaval Alsacien ? Du Nord au Sud, les traditions varient un peu, selon les us et les coutumes ou l’influence de nos voisins. Mais nous trouvons principalement
Les costumes et les déguisements de Carnaval
Que ce soit dans le défilé ou le long des trottoirs, les costumes sont riches et variés. Les enfants déguisés en Princesses, Super Héros, clown et autres attendent sagement de voir passer le cortège.
Ici il y a de tout. Des costumes riches en couleurs pour nous dire que le printemps arrive bientôt. Mais aussi des costumes effrayants, voir très effrayant pour chasser l’hiver.
Avec celui là je pense que l’hiver ne restera plus très longtemps 🙂
La musique : Clique et Gugga (Guggenmusik) et autres
Lors du Carnaval la musique est principalement jouée par des Cliques et des Guggas.
Ce sont des orchestres qui jouent costumés. Et pour certains les costumes sont incroyables.
Mais que sont les Guggas ? Appelées aussi Guggen, guggemusik ou guggamusik, ce sont des formations musicales composées principalement de cuivres et de percussions.
Trompettes, trombones et tubas s’en donnent à cœur joie. Au rythme des grosses caisses et des batteries on avance au pas.
Le répertoire est composé de reprises de variétés, d’airs traditionnels ou modernes. En version pop ou jazz, de plus en plus de guggen (Gugga) composent leurs propres morceaux ou du moins les arrangent à leur manière.
Dans le sud de l’Alsace et particulièrement chez nos voisins Suisses, à Bâle, on trouve des formations musicales composées essentiellement de fifres et tambours.
Parfois des groupes de Samba ou de percussions se joignent au cortège pour apporter la chaleur et le soleil, même s’ils ne sont pas présents.
Les Chars de Carnaval
Incontournables lors du défilé de carnaval, le char est le moment ou dans la foule on entend des Ohhh, des Ahhhh et des Waouhh.
C’est à qui sera le plus grand, le plus haut ou le plus coloré
Le char à souvent pour thème un évènement politique régional ou national qui a défrayé la chronique lors de l’année passée. Satire et impertinence politique sont de mise pendant la période de carnaval.
On y retrouve donc, bien souvent nos hommes politiques représentés de manière caricaturale.
Le char est aussi un excellent moyen pour jeter des confettis et des bonbons aux petits et aux grands qui n’attendent que çà..
Les Waggis
Le Waggis (ou Wackes en Suisse Allemand) est une figure traditionnelle des Carnavals et Bâle et Mulhouse. On le retrouve principalement dans les défilés du sud de l’Alsace.
Il est la caricature des Alsaciens et plus particulièrement celle des paysans du Sundgau.
Wackes se traduit en Français par Filou ou Garnement.
Cependant, en dialecte alémanique, Wackes désigne un voyou, une crapule, bref une personne peu digne de confiance.
Mais pourquoi cette différence ? C’est l’Histoire qui nous le dit..
L’emploi de Wackes par les Allemands ou Suisses Germanophone traduisait l’idée que leurs voisins Alsaciens n’étaient pas aussi rigoureux qu’eux et n’étaient pas digne de confiance. Il y a dans ce cas un peu de ressentiment et de dépit de voir que les Alsaciens n’appartiennent pas à l’Allemagne. Qu’ils auraient opportunément retourné leur veste pour être, à chaque fois du côté des vainqueurs, s’accommodant voir préférant le fait d’être Français.
Ceci est de l’Histoire « ancienne », et heureusement. De nos jours, ce terme et les ressentiments qui vont avec, appartiennent au passé et au folklore, comme l’illustrent les caricatures du carnaval de Bâle.
Actuellement, le Waggis se décline sous toutes les formes et toutes les couleurs ne gardant que sont aspect de gai luron, voir en devenant effrayant. Son costume a fortement évolué au fil du temps. Ainsi, son nez a sans cesse grossi et ses vêtements se sont colorés.
A l’origine le Waggis est la représentation caricaturale d’un paysan alsacien du XIXème siècle.
Il est caricaturé sous les traits d’un paysan vêtu de façon extravagante aux couleurs du drapeau Français. (Traditionnellement une chemise bleue, un pantalon blanc et une cravate rouge). Il est chaussé de gros sabot et son nez rouge, proéminent, est censé illustrer sa consommation excessive de vin.
La première mention de Waggis remonte à 1870. A cette époque il désigne familièrement les habitants du Sundgau travaillant dans la ville de Bâle et qui, ne pouvant ramener leurs salaires chez eux, avaient la réputation de boire sur place une bonne partie de leur argent.
De nos jours encore, bon nombre d’Alsaciens travaillent en Suisse pour gagner plus. 🙂
Les Princes, les Reines et les Dauphines
J’avoue ne pas connaitre, ni avoir trouvé l’origine de cette tradition. Alors si vous le savez, n’hésitez pas à me le dire, pour le partager avec nous.
Reine et Dauphines sont bien présentes lors de nos défilés en Alsace.
Leur élection est sûrement l’occasion de faire la fête avant le début du Carnaval et de célébrer la beauté et la jeunesse.
Carnaval étant aussi la période du renouveau et de la la vie. Les jeunes filles et la reine sont elles le symbole de ce renouveau ?
Fasenachtskiechle, Les Beignets de Carnaval
A Noël nous avons les Bredele et pour Carnaval, les Fasenachtskiechle (Beignets)
Comme pour les Bredele, il existe différentes recettes de beignets. Dans les familles Alsaciennes, les beignets se façonnent depuis de nombreuses générations et les recettes se transmettent de mères en filles ou de bouche à oreille.
Le Fasenachtskiechle est le cousin du Berliner (Boule de Berlin). On le mange nature ou fourré, traditionnellement, à la confiture de Framboise. Mais, aujourd’hui on le trouve aussi au chocolat, à la crème pâtissière et bien d’autres saveurs.
Les Scharvas (éclats de verre), sont des petits beignets découpés en forme de triangles et recouverts de sucre glace.
Les Schenkele (Schankalas) sont des beignets sans levures à la forme de cuisse de dames. Selon la légende il était une époque ou elles étaient vraiment roulés sur les cuisses des femmes.
En Alsace, et plus particulièrement en Suisse, pas de carnaval sans beignets. Mais pourquoi le beignet pour célébrer Mardi Gras ?
A la veille du carême (période de privation de 40 jours) il était de tradition de manger des beignets. Ceci afin d’écouler les provisions d’œufs, de lait et de gras, aliments qui ne se conserveraient pas jusqu’à Pâques.
En ce qui concerne les règles épiscopales de la période de Carême, elles ont évoluées au fils des siècles permettant ou non l’utilisation de certains aliments dits « Gras » comme les œufs ou le beurre.
La réforme est aussi passée par là et les règles strictes du jeûne du Carême ne s’appliquent plus qu’aux Catholiques, les Protestants refusant l’idée de pénitence et de « gagner son ciel » en jeûnant.
Cependant, pour les Protestants, la période de Carême est perçue comme un moment privilégié d’écoute, de prière, de méditation et d’engagement renouvelé. Ces 40 jours renvoient, pour eux, au temps passé par Jésus dans le Désert.
Mais.. une chose et sûre. Carnaval sera donc pour tous et toutes, une période de fête et d’exubérance et une belle manière de chasser l’hiver. Alors profitons, nous aussi de cette période qui annonce le printemps, la joie, la musique et la fête.
Tout en images :
Winsley
Bonjour, vous avez écrit : « A la veille du carême (période de privation de 40 jours) il était de tradition de manger des crêpes et des beignets. Ceci afin d’écouler les provisions d’œufs, de lait et de gras, aliments qui ne se conserveraient pas jusqu’à Pâques. »
Je me permets de vous expliquer que pendant le Carême, on peut faire des Knepfle, ou autres préparations avec des oeufs, donc la raison n’en est pas l’écoulement des provisions, car il n’y avait guère de provisions, les gens étant pauvres mangeaient leur production au jour le jour.
La vraie raison est qu’il était (est) interdit de faire des gâteaux pendant le Carême, et ils en confectionnaient donc en quantité : ils pouvaient donc manger tous ces beignets préparés à l’avance, car ils ne pouvaient plus en cuisiner pendant le Carême. C’est la confection qui était interdite, pas de les manger…
Pixanne Photographies
MERCI Winsley pour votre commentaire.
Les règles épiscopales, en ce qui concerne le Carême, ont changées au fil des siècles. En effet, le beurre et le lait étaient tolérés jusqu’au quatorzième siècle puis, malheureusement, classés comme « aliments gras » par le concile d’Anger en 1365. Difficile à ce moment là de faire de bons gâteaux durant la période de Carême. C’est en 1478, qu’à la demande d’Albert de Bavière, alors Évêque de Strasbourg, que le pape accorda la faveur de manger du beurre dans son diocèse durant la période de Carême. Mais cette faveur avait en coût puisque l’évêque en fit une taxe et « quiconque voulait user licitement de beurre, payait une taxe proportionnée à son état de fortune »
(Source : « L’ancienne Alsace à Table » – Page 271) Lien ICI
Carême en Suisse
Nos amis Suisses avaient, eux aussi, demandés un peu avant (1463), l’utilisation du beurre et du saindoux pendant le Carême. Mais avec le même résultat : Une taxe 🙂
(Source : « Annuaire de la Société d’histoire du val et de la ville de Munster » – Page 40) Carême en Suisse
En fait, les règles strictes du Carême s’appliquaient avant tout aux Catholiques, puisque : « Dans les villes qui adoptèrent la Réforme, le carême et toutes les prescriptions du même genre furent immédiatement abandonnés. A Strasbourg, leur suppression fut prononcée légalement. Un acte du Magistrat, du mois de Février 1523, abolit tous les jours de jeûne et d’abstinence et décréta que pendant le carême on vendrait publiquement de la viande comme en temps odinaire »
(Source : « L’ancienne Alsace à Table » – Page 273), lien ICI
Au final, vous avez raison, et je vais ajouter une information supplémentaire à la fin de mon article.
J’espère que vous avez apprécié la lecture de mon site et que vous ne manquerez pas de m’informer d’autres incohérences ou manquements 🙂
Au plaisir de vous lire
Merci