Eguisheim * Alsace et Moi * Pixanne Photographies

Eguisheim est un village Alsacien pittoresque et je suis certaine que vous ne manquerez pas de tomber sous son charme. Situé le long de la Route des Vins il ne compte pas moins d’une trentaine de viticulteurs. C’est vous dire si l’on trouve ici de quoi goûter et acheter les vins d’Alsace. Vous découvrirez aussi l’architecture médiévale de ses maisons Alsaciennes et l’ atmosphère unique avec ses ruelles pavées et ses maisons fleuries. En bref, c’est l’occasion de découvrir et déguster quelques Grands Crus d’Alsace 🙂 mais aussi de faire de belles promenades.

Eguisheim est une cité médiévale qui se déploie en cercles concentriques autour de son château. Les rues du Rempart Sud et Nord permettent de faire le tour du village. Flâner le long des ruelles pavées permet de voir la palette colorée de ses maisons. Ce sera aussi l’occasion de découvrir l’évolution de celles ci au fil du temps.

Eguisheim et ses maisons Alsaciennes

L’architecture, la forme du colombage, la couleur de la maison en disent long sur le propriétaire d’origine..

Les couleurs

Si de nos jours, les couleurs reflètent le goût des propriétaires, il n’en était pas ainsi par le passé. A l’origine, la maison du vignoble se caractérise par son rez-de-chaussée en pierre soutenant l’ossature en bois. Jusqu’au 16ème siècle, le colombage est sobre. De la suie ou un oxyde de fer protègent le bois. Le torchis ou un badigeon de chaux s’imposent sur les façades. Le blanc est donc la norme, puisque les pigments et les couleurs sont trop coûteux.

Puis, au 17ème siècle, vint la couleur qui avait une signification bien précise :

Beige pour les métiers de la pierre (maçons, tailleurs de pierre, couvreurs, plâtriers…)

Jaune pour les métiers du pain (boulangers, pâtissiers…) vert pour les métiers du cuir et du tissus (tanneurs, selliers, tisserands…)

Rouge pour les métiers du fer (forgerons, ferronnier…)

Bleu pour les métiers du bois (charpentiers, menuisiers…)

Un autre code couleur pouvait indiquer l’adhésion et la fidélité à une religion :

Bleu pour les familles catholiques (couleur de la vierge)

Rouge pour les familles protestantes

La charpente

La forme de la charpente, sous les fenêtres, nous donne également une indication en ce qui concerne le propriétaire de la maison. Ci dessus il s’agit de la « Chaise Curule ». C’est en fait le siège sur lequel les magistrats romains prenaient place pour délivrer leurs sentences. Ce signe indique donc la demeure d’une personne aisée et influente dans la société. En effet, ce motif élaboré est plus cher à produire qu’une croix ou qu’un poteaux oblique.

Les épigraphes

Les épigraphes et inscriptions gravées sur les colombages d’Eguisheim comportent les initiales ou les noms des propriétaires. Souvent aussi, celles du maître-d’oeuvre ainsi que la date de construction du bâtiment. À cela se rajoute parfois aussi une sollicitation du divin pour la protection de la maison ou pour conjurer le mauvais sort.

Sur certaines maison on trouve le symbole IHS (Photo de droite). Vers la fin du moyen âge IHS devient le symbole de Christ. Les maisons sur lesquelles vous trouverez ce symbole sont donc des maisons Catholiques. Hé oui, en Alsace il y a des différences entre les Catholiques et les Protestant jusque sur les façades des maisons. Le signe « IHS » Jésus Hominum Salvator signifie Jésus sauveur des hommes et marquent cette référence.

Les protestants avaient pour habitude d’inscrire un texte à tendance religieuse ou sentencieuse sur leurs maisons ou une plaque de pierre.

Sur la photo ci-dessus on peut lire « Komb Heiliger Geisd Warer Drosd« . Ceci pourrait se traduire en Allemand « Komm, Heiliger Geist, Wahrer Trost » puis en Français par « Vient, Esprit Saint, véritable consolation ». (sous réserve de ma connaissance de la langue de Goethe)

Les "petits riens" d'un beau village

Mais Eguisheim c’est aussi et surtout un ensemble de « petits riens ». Ils décorent le village et en font un village unique en son genre 🙂

Classé comme l’un des « Plus Beaux Villages de France » depuis 2003, il a décroché le titre de « Village préféré des Français » en 2013 lors de l’émission de France 2 présentée par Stéphane Bern. Souhaitons que cette notoriété méritée ne nuise pas à son authenticité. Cependant, j’espère qu’Eguisheim ne se transforme pas en écomusée ou village à touristes. Non pas que je n’aime pas les touristes en Alsace, loin de là. Je souhaite simplement voir préserver la vie rurale et la culture dans nos villes et villages.

En voilà deux qui posent fièrement et savent bien qu’elles sont l’un des symboles de l’Alsace 🙂

Eguisheim et son vignoble

Au coeur de l’Alsace, Eguisheim déploie les 339 hectares de son terroir. Le village fête son vin et ses vignerons chaque année. Organisée depuis 1960, la « Fête des Vignerons« , a lieu le dernier week-end du mois d’août. C’est une grande fête populaire et traditionnelle.

Eguisheim vous propose ses deux grands crus :

le Eichberg, d’une grande opulence, les vins de ce terroir s’expriment par une finesse et un fruité remarquables. Ces crus sont incontestablement prédisposés à une grande longévité, tout en exaltant leur typicité et leurs arômes.
le Pfersigberg est cité au 16ème siècle dans des baux entre seigneurs et couvents. Dans une période plus récente, les viticulteurs d’Eguisheim ont remis à l’honneur le Pfersigberg. Ce fut lors de la première Foire aux Vins de Colmar en 1927. Leur corps, leur fruité et leur longévité caractérisent les vins du Pfersigberg et plus particulièrement le Gewurztraminer.

Des collines recouvertes de vignes entourent le village. Surplombées par les Trois-Châteaux, ils veillent sur lui. Je ne manquerai pas de vous raconter la ballade vers les trois châteaux d’Eguisheim dans un autre article. Ce village a une activité viticole depuis l’époque romaine, ce qui donne à son vignoble un héritage unique

Histoire et personnage célèbre

Plusieurs vestiges archéologiques témoignent d’une occupation du site depuis le Paléolithique. Après les Celtes, les Romains érigent un camp à l’entrée d’Eguisheim et développent la culture de la vigne. Eberhardt, fonde en 720 le premier château d’Eguisheim et, en 727, l’Abbaye de Murbach. Je vous parlerai de Murbach dans un autre article.

Le village d’Eguisheim se développe autour de son château, habité par le bailli épiscopal jusqu’en 1752.

Bruno d'Eguisheim * Le Pape Saint-Léon IX

Tout prédestinait Bruno, cousin de Conrad II et d’Henri III, à exercer les plus hautes fonctions ecclésiales. Né le 21 juin 1002. Il est le fils de Hugues IV d’Eguisheim, comte de Nordgau et de Heilwige de Dabo.

À l’âge de cinq ans, il est confié à l’évêque Berthold de Toul pour être éduqué à l’école de la cathédrale. Il s’y montre très doué. Après la mort de son tuteur, son cousin, l’empereur Conrad II le Salique, l’appel à la cour. Après la mort de son tuteur. Il y complète sa formation et devient diacre en 1025. À la mort de l’évêque Hermann de Toul, le clergé avec le soutien de Conrad, le propose comme son successeur. Il n’a alors que 24 ans.

L'évèque de Toul

Bruno d’Eguisheim s’attache rapidement à réformer la vie monastique dans le sens de la réforme clunisienne. Il veille à rétablir, là où il le peut, les principes chrétiens dans leur pureté. La prière occupe alors, une grande partie de la journée. Le travail manuel destiné à assurer la vie matérielle de la communauté des moines est quant à lui assuré par les paysans des domaines appartenant à l’abbaye. La réforme clunisienne fait des abbayes la propriété de Saint Pierre, donc soumises à l’autorité exclusive du pape. Elles échappent ainsi à l’emprise des laïcs. Cette réforme enlève ainsi la nomination comme abbés aux grands seigneurs laïcs.

Le Pape Léon IX

A l’initiative d’Henri III, Bruno d’Eguisheim est désigné Pape. Cependant, avant de s’asseoir sur le trône de saint Pierre, l’honnête Bruno exige d’être élu par le peuple de Rome. Ce sera chose faite. Il sera Pape sous le nom de Léon IX. Durant les 5 années de son pontificat, il sera un souverain voyageur, diplomate et conciliateur, parcourant l’Europe en quête de paix entre les Chrétiens. Au sein de l’Église, c’est un Pape réformateur, notamment par sa lutte contre la simonie (achat, vente de sacrement) et le nicolaïsme (mariage de clercs). Lors de ses passages en Alsace, il consacre des églises et confirme les privilèges et possessions d’abbayes.

Il meurt le 19 avril 1054 à Rome. Il est canonisé par le Pape Victor III en 1087.

La Chapelle Saint Léon IX

La chapelle néo-romane Saint Léon IX est bâtie sur les fondations de l’ancien donjon, à l’intérieur des remparts octogonaux du château des comtes d’Eguisheim. Elle est construite entre 1888 et 1894 sous l’impulsion de l’évêque de Strasbourg, Monseigneur Pierre-Paul Stumpf, natif du village. Dédiée à Saint Léon, elle est consacrée en 1894. Le reliquaire, créé par l’orfèvre Chertier, contient une partie du crâne de Saint Léon.

L’intérieur est une pure merveille. Sur la voûte, peints par Martin, on trouve des médaillons dans le style du 11ème siècle, représentant 7 scènes de la vie de Bruno (Saint-Léon). Une fresque décore le choeur de la chapelle Saint-Léon IX. Elle illustre le Christ en Gloire entouré des 4 symboles des évangélistes appelés tétramorphe.

Le style néo-roman peut surprendre, mais j’adore. Il est plein de motifs sur un fond blanc qui fait exploser une multitude de couleurs.

Les 6 vitraux datent de 1895 et représentent des Saints ou Saintes d’Alsace dont un grand nombre sont issus de la famille des Comtes d’Eguisheim.
Du mois d’avril au mois de novembre, la chapelle est ouverte au public. Des messes y sont également célébrées.

Conte et légende à Eguisheim

Comme dans beaucoup de village en Alsace on raconte des histoires au coin du feu et à Eguisheim on y raconte que..

Il y a quatre siècles, le diable tomba éperdument amoureux d’une jeune fille blonde, née d’une sorcière d’Eguisheim. Il l’épousa dans un vieux château abandonné, en compagnie de toute sa cour infernale.

Mais peu à peu, Satan s’affadissait et tout se mit à marcher de travers. A tel point que ses plus fidèles serviteurs le quittèrent et qu’il se retrouva seul dans sa ruine.

Depuis, les soirs de pleine lune, des gémissements désespérés résonnent au fond des tours d’Eguisheim, surnommées « Les trois sorcières » par les habitants des environs.

Cette histoire n’est pas à prendre au pied de la lettre, mais qui comme moi, adore se faire peur c’est une très belle histoire, non ?