Non loin du Conseil de l’Europe et du Parlement Européen, le Parc de l’Orangerie fait partie de mes lieux favoris, et celui de nombreux Strasbourgeois, pour une promenade et/ou y manger une glace en été ou des marrons chauds en hiver. Véritable poumon vert dans la ville, c’est un plaisir d’y déambuler ou de s’y prélasser sur un banc ou les pelouses. Les plus sportifs peuvent faire le tour du parc sur un itinéraire de 2.2km classé « facile ». Au petit trot ou en faisant de la marche nordique, c’est un endroit plaisant pour faire un peu de sport.
Ses arbres majestueux et centenaires (platanes, tilleuls, séquoia, charmes, chênes pédonculés, magnolias et bien d’autres) nous rappellent que ce parc est ici depuis le XVIIIème siècle. Il m’arrive d’imaginer toutes les choses qu’ils ont vu ou entendu sans rien pouvoir nous en dire. Peut être une conversation entre Napoléon et Joséphine, les mots d’amour d’un nombre incalculable d’amoureux se tenant par la main ?
C’est André Le Nôtre (créateur du Parc de Versailles) qui aurait dessiné les plans du parc, en 1692. Cependant, rien ne permet d’affirmer qu’il ait, lui même, contribué à la réalisation de la promenade, probablement aménagé par Antoine du Chaffat à partir de 1740. Mais peu importe..
Ici se côtoient des promenade « à la Française » avec de vastes allées bordées d’arbres et des aménagements « à l’Anglaise », plantations plus sauvages mais savamment désordonnées.
A l’occasion de l’exposition d’Industrie et d’Artisanat de 1895, la superficie du parc double pour accueillir quelque 1250 exposants et des milliers de visiteurs.. Il fait actuellement 26 hectares. On y ajoute, à l’époque, le lac artificiel et sa cascade. D’autres éléments, témoins de cette exposition, subsistent de nos jours comme le Buerehiesel, très belle maison à colombage. Mais aussi la maison du pêcheur, des statues, fontaines, ponts..
Mais pourquoi le nom de Parc de l'Orangerie ?
Je vais vous en raconter l’histoire. En Septembre 1792 c’est la révolution et avec elle l’abolition de la royauté et la déchéance de Louis XVI. On confisque, alors une collection de 138 orangers au château de Bouxwiller. Ceux ci servaient d’agrément aux différents jardins du château. En 1801, la ville de Strasbourg reçoit cette collection à la seule condition que les orangers servent à décorer un lieu public. Où les mettre ? On envisage la place Broglie ou le Parc des Contades, mais au final ce sera sur l’allée Le Nôtre et son grand emplacement circulaire.
Ces orangers, il faut désormais les protéger. D’où la construction, entre 1804 et 1807 du bâtiment de l’Orangerie qui se nomme aujourd’hui pavillon Joséphine. Voilà vous avez l’explication du nom du parc. Mais y a t’il encore des orangers dans le parc ? Après l’incendie de 1968 il n’en restait que 3 mais, à partir de 2020 on replante des orangers. Ne reste donc plus qu’à les trouver dans le parc.
Les bâtiments du Parc de l'Orangerie
Le pavillon Joséphine
C’est un pavillon de plaisance construit, en 1804. Il prit le nom de Pavillon Joséphine, en l’honneur de l’impératrice Joséphine qui aimait s’y promener avec Napoléon. Joséphine de Beauharnais séjournais, en effet, régulièrement à Strasbourg. Elle logeait au Palais Rohan mais adorait parcourir les allées du Parc de l’Orangerie.
Un terrible incendie ravage, en 1968, le pavillon Joséphine. Seules les façades en pierre sont sauvegardées. On reconstruit le pavillon Joséphine à l’identique. C’est l’architecte en chef de la ville de Strasbourg, Robert Will, qui s’en charge. Il accueille aujourd’hui principalement des expositions et des manifestations temporaires.
Le Temple de l'Amour
Petit temple d’agrément de style néo-classique il a été, quant à lui, transféré du Parc des Contades au Parc de l’Orangerie en 1958.
Il est très apprécié des photographes et bien souvent on y trouve des couples de mariés qui y prennent la pose. Il faut dire que le Parc de l’Orangerie est très prisé des mariés pour y prendre quelques photos souvenirs.
La maison du pêcheur
Ce kiosque en pan de bois dont la fonction reste à préciser (maison de pêcheur ?) est un des rares bâtiments qui reste de l’exposition industrielle et commerciale de 1895 dans le parc de l’Orangerie.
Cette petite maison fait partie des constructions du parc qui sont classées monument historique.
Elle sert, aujourd’hui d’embarcadère pour ceux et celles qui souhaitent faire un petit tour un barque sur le lac.
Je n’ai pas de photo de la maison du pêcheur et du Burerehiesel dans ma médiathèque, mais, promis dès qu’il y a un rayon de soleil je fonce au Parc de l’Orangerie pour en prendre des photos 🙂
Le Buerehiesel
Construite vers 1660, on démonte cette ferme à Molsheim pour la réimplanter dans le Parc de l’Orangerie à l’occasion de l’exposition industrielle de 1895. Avec la maison du pêcheur, c’est l’un des derniers témoignages de cette exposition historique. Le bâtiment abrite actuellement un restaurant gastronomique.
Mais que signifie Buerehiesel ? Pour le savoir il faut décomposer le mot. En Alsacien, Bür (Buer) signifie paysan et Hiesel, petite maison. Il s’agirait donc, en ce qui concerne son nom d’une petite maison de paysans. Pour autant, le Buerehiesel n’a jamais été une ferme mais une épicerie du centre ville de Molsheim. Le terme de maison paysanne lui a donc sans doute été donné pour indiquer, lors de l’exposition de 1895, qu’il s’agit d’une maison de village.
De toutes les manières, c’est une très belle maison Alsacienne qui était, est, et restera une bonne table Strasbourgeoise.
Les sculptures du Parc de l'Orangerie
Buste de Victor Nessler
Compositeur alsacien, auteur de cantates et opéras, Victor Nessler était avec E. Schuré un ardent défenseur de Wagner, à la recherche des vieilles légendes germaniques, à la manière de Goethe et Herder.
J’avoue ne pas connaitre l’oeuvre de Victor Nessler mais j’adore ce buste. L’homme semblait avoir pas mal de charisme et de prestance. Son auteur, Alfred Marzolff m’est un peu moins inconnu puisque d’autres oeuvres de ce sculpteur se trouvent dans le Parc de l’Orangerie et à Strasbourg. Ce sont toutes de très belles oeuvres.
Monument de Victor Nessler à l’Orangerie (1895) – La Moselle et le Rhin, Rue du Mal Joffre (1898) – Les statues de Jacques Sturm et de Daniel Specklin (1902) sur la façade des Petites Boucheries, rue de la Haute-Montée (1900)
Mais aussi, Les quatre figures monumentales symbolisant le travail, qui ornent le pont Kennedy, avenue d’Alsace. (1906) – Les lions sur la porte d’entrée de la Préfecture, rue Brûlée. (1911) – La Famille, sous la forme de deux statues (une mère avec un enfant dans ses bras et un travailleur), sur l’immeuble de la Sécurité sociale, rue de Lausanne. (1914). Cette liste est non exhaustive mais montre le talent de cet artiste.
s'Gänseliesel
Mais que signifie ce nom ? En Allemand ou Alsacien une « Gans » est une oie. Quant à « Liesel », c’est un prénom Alsacien, diminutif de Elisabeth. On pourait donc traduire Gänseliesel par « L’oie d’Elisabeth » ou « Elisabeth et l’oie ».
En 1898, la ville de Strasbourg commande à Charles Albert Schultz un bronze destinée à la fontaine située dans l’enceinte de la grande halle aux légumes (l’Ancienne Douane) près de la Place du Corbeau. Un an après le bronze est mis en place. Il représente une jeune Alsacienne (Liesel) tenant un panier plein de légumes qu’elle vient d’acheter mais qu’une oie voudrait lui voler.
Cependant, à cause d’un très mauvais éclairage la statue ne pouvait convenir à cet endroit. Entreposée un temps dans les couloirs du Château des Rohan, on proposa à Charles Albert Schultz de lui trouver un endroit adéquat dans la ville.
Il propose la place Saint Etienne puis change d’avis et se décide pour un jardin public. C’est ainsi qu’elle trouve sa place au Parc de l’Orangerie.
Les sphinges
Deux sphinges sont placées symétriquement à l’entrée de la façade nord-ouest du pavillon Joséphine. C’est quoi une Sphinge ? C’est le pendant féminin du sphinx. Elles sont sculptées par un artiste français vers 1745 afin d’orner les jardins du château Klinglin à Illkirch Graffenstaden. En 1910 elles sont déplacées ici, dans le Parc de l’Orangerie.
Les amours du poète
On trouve aussi quelques œuvres plus récentes comme la fontaine de Jean Claus, réalisée en polyester et fibres de verre en 1993. Elle emprunte son titre à un poème de Heinrich Heine.
Et, en 2023 l’artiste Sissy Piana a façonné le visage de la première présidente du Parlement européen à l’origine du droit à l’IVG. Celui ci se trouve à l’entrée du Parc de l’Orangerie (Bld de la Robertsau)
Pour les grands et les petits
Places de jeux, pelouses, skate parc, circuit automobile rétro pour les plus petits.. il y a de place pour tous au Parc de l’Orangerie. Et, si vous le souhaitez, n’hésitez pas à faire un petit tour en barque sur le lac.
En solo, en duo, en famille ou entre amis, chacun pourra profiter du Parc de l’Orangerie. Selon ses envies et les saison, pour faire du sport ou flâner, le parc et un endroit un peu magique ou il fait bon se ressourcer. Les pelouses sont propices à la détente et invitent au pique-nique.
Le circuit de voitures anciennes est pour nous une véritable institution. Présent dans le Parc de l’Orangerie depuis 1952, il est entièrement rénové en 2020. De générations en générations les enfants se succèdent dans les petites voitures. Pour le bonheur de tous, le manège a gardé toute son authenticité avec ses bolides et tacots d’origine.
Un paradis pour les cigognes
Le Parc de l’Orangerie est un havre de paix pour les Strasbourgeois mais aussi pour un grand nombre d’oiseaux et petits rongeurs. De nombreuses cigognes nichent sur les arbres et le toit du Pavillon Joséphine.
Elles sont, pour nous autres Strasbourgeois, l’annonce de la fin de l’hiver. Au printemps, le boulevard situé en lisière du parc se transforme en boulevard des cigognes. Pratiquement tous les arbres sont occupés par un couple de cigognes qui y installent leurs nids.
Même si certains riverains se plaignent notamment des nuisances provoquées par l’échassier, tel que les claquements de son bec ou ses fientes, j’espère que les cigognes resteront encore longtemps les annonciatrices du printemps à Strasbourg.
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