Le village de Saint Guilhem le Désert
En Occitanie, le village abbatial, Saint Guilhem le Désert est construit autour de l’Abbaye de Gellone. Étape spirituelle sur le Chemin de Saint-Jacques de Compostelle, la cité médiévale est un véritable havre de paix.
Situé dans l’étroit val de Gellone, entre les gorges de l’Hérault et le piémont languedocien, Le village de Saint Guilhem le Désert est entouré de montagnes. Authentique village méridional, rien n’y manque. La garrigue et ses senteurs, les oliviers et le chant des cigales. Sans oublier les petites maisons, collées les unes aux autres, avec leurs toits de tuiles si caractéristiques.
Saint Guilhem le Désert, l’un des plus beaux villages de France, classé deuxième Village préféré des Français en 2012. Il compte à ce jour quelques 250 habitants que l’on nomme les « Sauta Rocs ». Nous nous égarons dans cette cité médiévale où le temps semble s’être interrompu.
Les fenêtres de style roman ou Renaissance révèlent l’identité médiévale de la cité. La place de la Liberté abrite un imposant platane âgé de plus de 160 ans. Il fait bon y faire une pause à l’ombre de sa verdure. L’église Saint Laurent, la tour des prisons et le château du Géants, sont autant de témoins du riche passé de la cité.
Mais pourquoi « le désert » ?
Ici la région n’est pas désertique même s’il n’y a que les oliviers à pousser ici.. En qualifiant de « Désert » ce territoire, Guilhem faisait allusion à l’absence de l’homme et non de la végétation. Dissimulé dans un massif rocheux, Guilhem trouve ici l’endroit idéal pour se ressourcer spirituellement. Il fit donc de cette combe un haut lieu spirituel, un sanctuaire.
L’Abbaye de Gellone
Symbole de l’art roman languedocien l’Abbaye de Gellone a fait de Saint Guilhem le Désert l’un des plus grands foyers spirituels et culturels du Languedoc.
L’abbaye abrite deux reliques importantes. Celles de Saint-Guilhem, et un véritable fragment de la Croix du Christ. Charlemagne transmet celui ci à Guilhem à la fondation de l’Abbaye. Il l’avait lui même reçu du patriarche de Jérusalem.
Objets de pèlerinage, ces deux trésors ont positionné l’abbaye comme une étape sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle.
C’est au XIème et XIIème siècle qu’on construit l’église abbatiale et une partie du cloître. On construira le reste du cloître durant les XIIIe et XIVe siècles. Le clocher date lui du XVe siècle. À son apogée, une centaine de moines dépendent de l’abbaye.
Elle est appelée Abbaye de Gellone, puis , après la mort en 812 de Guilhem, Abbaye de Guillaume. Elle devient l’Abbaye de Saint Guilhem après sa canonisation en 1066.
De la splendeur à l’abandon
L’histoire de l’Abbaye de Gellone est complexe et mouvementée. Elle connut tout d’abord la splendeur du temps de sa fondation. On construira ici, durant cette période faste, trois églises abbatiales. De la première il ne reste rien. La crypte de l’église actuelle expose quelques vestiges de la deuxième. Le cloitre s’agrandit au fil du temps. Au XIVème siècle on y ajoutera un étage.
Au cours des guerres de religion, les protestants saccagent l’abbaye. A la révolution, on la vend comme bien national. La population du village obtiendra que l’église abbatial devienne l’église paroissiale. On transformera les autres bâtiments en filature, puis en tannerie.
A cette époque le cloître est dépouillé. Il sert même de carrière aux maisons alentours. Des éléments du cloître, datés du XIIème siècle, sont même vendus (en 1906) au collectionneur américain George Grey Barnard. Fondateur du musée The Cloisters à New York, c’est éléments y sont toujours exposés.
Inscrite comme Monument Historique dès 1840, l’abbaye bénéficie, au XIXe siècle, de restaurations qui la sauve de l’anéantissement.
Le Château du Géant
Accroché à un piton rocheux, un château surplombe le village. C’est le Château du Géant. De château, en fait, il ne reste que quelques pierres. Mais j’ai adoré la légende qui l’accompagne
On raconte à Saint Guilhem le Désert, qu’un Géant a élu domicile dans les ruines du château qui domine le village en compagnie d’une pie. Il terrorise la population. Un jour, Guilhem, las de devoir gérer la peur que procure le Géant sur les villageoises, décide de se déguiser en servante et de faire mine de transporter de l’eau au château pour aller combattre cet imposteur. Il se munit de « Joyeuse », son épée légendaire, et marche vers la forteresse. Lors de son parcours, la pie qui rodait dans les parages s’aperçoit que la servante qui fait route vers le château n’a pas la même allure que d’habitude.
L’oiseau reconnait Guilhem et va en avertir le Géant en ces termes :
– Géant, ce n’est pas ta servante qui vient t’apporter de l’eau, c’est Guilhem qui s’en vient pour te tuer.
Mais sûr de son fait et ne doutant pas de sa supériorité, le Géant ne tient pas compte des mises en garde de la pie et ouvre la porte de sa forteresse. S’en suit un âpre combat dont Guilhem sort victorieux, précipitant son adversaire au bas des falaises du château. La pie, prise au dépourvue et ayant perdu son protecteur, prend la fuite pour aller se cacher on ne sait où.
Depuis ce jour, les habitants du village vivent en toute quiétude. Et bien que la vallée de Gellone soit fréquentée par de nombreuses espèces d’oiseaux, on n’y revit jamais la pie.
Mais qui est Guilhem ? Homme de guerre, de Dieu et de légende
Nous savons que Guilhem est le fondateur de l’Abbaye de Gellone en 804. C’est autour de cette abbaye qu’est venu se blottir le village de Saint Guilhem le Désert.
Mais qui donc est ce prince carolingien, cousin germain de Charlemagne ?
En l’an 790, Guilhem est nommé vice-roi d’Aquitaine auprès de Louis le Pieux qui n’est alors âgé que de douze ans. Ce sera le point de départ de la vie publique de Guilhem, qui consacrera les treize années suivantes à conforter les frontières du royaume de Charlemagne. Bien plus qu’un simple administrateur, Guilhem s’imposera comme l’un des plus valeureux guerriers de son temps.
Son nom était il prédestiné ? Guilhelm est la forme romande du nom franc Whilhelm, composé de Whil (la volonté) et de Helm (la tête casquée)
En 803, la pris de Barcelone sera un épisode important de sa carrière militaire. Mais aussi le dernier, puisqu’il choisira, ce moment là, pour déposer les armes et se retirer dans le Val de Gellone. C’est là qu’il fonde l’Abbaye de Gellone.
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