Et nous revoilà aux Saintes Maries de la Mer pour participer à la Journée Baroncellienne. Cette journée, comme son nom l’indique, est à la mémoire du Marquis de Baroncelli. Elle clôture, comme chaque année, les trois jours de festivité, d’émotions et de ferveur pour les Saintes Maries de la Mer.
Au programme : Ferrade, abrivado, hommages au tombeau, défilé, traditions taurines et jeux de gardians aux arènes. La vachette est prête et les gardians aussi.
Mais qui est Folco de Baroncelli dit « le Marquis de Baroncelli » ? (1869-1943)
BARONCELLI est, en quelque sorte, l’inventeur de la CAMARGUE. On lui doit d’avoir créé et maintenu les traditions camarguaise. Les jeux des gardians, la codification du costume traditionnel de ces derniers. Mais aussi la réhabilitation du métier de gardian.. Il participe aussi à la conservation des races de chevaux et taureaux camarguais. Pour ce faire, il crée sa manade et s’y consacrera pleinement. Baroncelli veut rendre aux chevaux et taureaux camarguais, la pureté de la race. Il souhaite éviter que ne se perdent à jamais « les taureaux aux cornes de lyre et les cavales aux crinières d’écume marine ». Il a su voir, à son époque, les opportunités offertes par ce vaste territoire qu’est la Camargue, libre et sauvage.
En 1926 il demande au peintre Hermann-Paul de créer un symbole pour représenter la « nation camarguaise » de gardians et de pêcheurs. La croix camarguaise est née.
Aimer et faire aimer la Camargue…. Mais Baroncelli songe aussi à comment la protéger. Il demande alors à l’état de créer une sorte de parc naturel. En 1927, une réserve zoologique et botanique verra le jour. Le Parc Naturel Régional de Camargue, quant à lui, serra créé en 1970.
A l’origine..
Frédéric Mistral est l’un des 7 poètes provençaux qui fondent le Félibrige. Sa vocation est la conservation et la sauvegarde de tout ce qui fait la particularité du pays d’Oc. La langue, les traditions, les coutumes et les costumes. Mais aussi l’art local et les monuments. L’objectif étant la recherche d’une « pureté originelle » de ces us et coutumes de cette région de France. Mais aussi la promotion par la poésie et les manifestations populaires de « pays de langue d’oc ».
Folco de Baroncelli est un proche de Frédéric Mistral. Il sera, des années durant, le co-responsable, avec lui, d’un journal écrit en provençal, l’Aïoli. C’est à cette époque qu’il se donne pour mission de refonder la pureté de la race du taureau et du cheval camarguais. Frédéric Mistral fixe le costume de l’arlésienne et le Marquis de Baroncelli celui du gardian (Le gardian baroncellien).
En 1935, il intervient pour que l’Église autorise une procession de Sara à la mer. Ceci afin que les Gitans aient leur place pleine et entière aux fêtes de mai. Catholique et provençal, il peut d’autant plus négocier avec l’archevêque. D’autant plus que Nacion Gardiano l’accueil, lui aussi, dès 1921, pour être conduit jusqu’à l’église. Par la suite (1925) les gardians prennent l’habitude d’encadrer la procession à la mer de Marie-Jacobé et Marie-Salomé. Ce sera donc aussi le cas pour celle de Sainte Sara lors du Pèlerinage des Gitans 🙂
Suivant les recommandations de Mistral, il écrit de la poésie et organise des manifestations populaires : Abrivado, Ferrade, Courses camarguaises. Frédéric Mistral souhaitait que chaque village possède sa « Festo Vierginenco ». Seul de nos jours le village des Saintes Maries de la Mer a conservé cette journée traditionnelle. Le Marquis de Baroncelli qui l’organisa jusqu’en 1939, lui donnant un franc succès et en faisant une grande fête populaire. Cette fête est dédiée à la jeunesse et à la tradition du costume d’arlésienne. Ce jour-là, les jeunes filles ayant eu 15 ans dans l’année écoulée (Chatouno) portent pour la première fois le costume d’arlésienne et le ruban. Comme leurs mères et leurs grand-mères avant elles. Selon la tradition la jeune fille est présentée à l’assemblée par sa marraine. En recevant son diplôme « fèsto vierginenco », la jeune fille s’engage « à porter le costume et à le faire vivre« .
Lou Coumita de la Festo Vierginenco deviendra l’actuelle Nacioun Gardiano qui organise encore aujourd’hui cette intronisation des jeunes filles. Pour info, c’est le dernier Dimanche de Juillet. Sans doute l’occasion pour moi de revenir en Carmague 🙂
On l’enterre dans la tombe de ses ancêtres au cimetière d’Avignon. Puis, en date du 21 Juillet 1951, ses cendres seront transférées, selon sa volonté, aux Saintes Maries de la Mer. C’est à l’emplacement des ruines du Mas du Simbèu, dans lequel il vécut, que l’on trouve son tombeau.
Tous les ans, on lui rend hommage sur sa tombe, le 26 Mai, lors de la Journée Baroncellienne.
Programme de la Journée Baroncellienne
08h30 : Rendez-vous place Mireille de la Confrérie des Saintes Maries. Mais aussi, des groupes folkloriques et des Arlésiennes accompagnées de gardians pour se rendre à l’église.
09h00 : Messe en Provençal a l’Église
11h00 : Ferrade au Bouvaù d’Aubanel
A l’origine, c’était Folco de Baroncelli qui offrait, tous les 26 mai, une grande ferrade au mas de l’Amarée qu’il occupait alors. Il organisait cette fête pour remercier les Saintois mais aussi ses amis afeciouna de Provence et du Languedoc. Une foule immense passait ainsi la journée aux Saintes. Ce jour est ainsi resté celui du Marquis, même après sa mort. Et aujourd’hui encore, c’est sous forme d’hommage respectueux que l’on se rassemble autour de son tombeau. Tous les 26 mai c’est la Journée Baroncellienne. Une sorte de rituel qui vient conclure le pèlerinage des gitans qui lui étaient si chers.
Mais c’est quoi une Ferrade ? C’est une tradition qui date du 18ème siècle en Camargue. Elle consiste au marquage au fer rouge, avec la marque de son propriétaire, des poulains et des veaux âgés d’un an (anoubles). Le manadier convie ce jour là ses amis pour lui prêter main forte et faire la fête.
Chez les bovins on profitera de ce moment pour pratiquer en même temps l’escoussure. L’entaille d’une ou des oreilles du veau selon un schéma propre à chaque manadier.
Le marquage au fer et l’escoussure permettent d’identifier les bêtes des manades. Il est ainsi plus facile de retrouver les bêtes d’un troupeau qui se mélangeraient à d’autres bêtes.
Les armoiries d’une manade sont : la devise, le fer et l’escoussure.
La devise représente les couleurs d’un élevage de taureaux et de chevaux de race Camargue. Une cocarde de plusieurs couleurs et de plusieurs rubans en est la matérialisation. La devise est fixée avec de la glu ou de la poix, sur le garrot du cocardier. Ceci lors des grandes occasions ou si le manadier a un grand espoir en un taureau au point de lui confier l’image de la manade.
12h00 : Abrivado départ Bouvaù d’Aubanel, route de Cacharel, rue Joanin Audibert, rue de la République, avenu Van Gogh, avenue Théodore Aubanel, avenue Riquette Aubanel, Route départementale 38, Tombeau du Marquis de Baroncelli
La Journée Baroncellienne permet d’assister à l’abrivado. Abrivado désignait jadis la conduite des taureaux depuis les pâturages jusqu’aux arènes sous la surveillance des gardians.
De nos jours, c’est une tradition taurine qui consiste à simuler ces transferts de taureaux. On les lâche dans les rues des villages lors des fêtes traditionnelles camarguaises.
13h00 : Cérémonie au Tombeau du Marquis de Baroncelli
Une cérémonie d’Hommage est rendue au Marquis de Baroncelli, fondateur de la Nacioun Gardiano. Cette association a pour vocation, depuis sa fondation, de maintenir et de glorifier le costume, les us et les traditions du pays d’Arles, de la Camargue et des pays taurins. La Journée Baroncellienne est SA journée.
16h00 : « La Camargue aux arènes », spectacle camarguais
Le spectacle, donné lors de la Journée Baroncellienne, nous permet de découvrir les cavaliers et les Arlésiennes.
Puis les cavaliers s’élancent pour nous présenter les jeux des gardians. Souvent il est question de montrer sa dextérité ou de faire plaisir à ses dames…
Le tournoi des écharpes : il faut que chaque cavalier tente d’enlever le brassard ou l’écharpe fixé au bras de son adversaire à l’aide d’un élastique, tout en essayant de conserver le sien.
Le jeu du bouquet : il faut garder un bouquet de fleurs pendant un certain temps. Mais il faut surtout résister aux assauts des adversaires. L’objectif étant d’offrir ensuite ce bouquet à une demoiselle. Espérons que celle ci récompensera le cavalier de sa bravoure et de sa ténacité, en lui donnant un baiser.
Le jeu des oranges : le cavalier lance son cheval au galop. Il doit essayer de s’emparer d’une orange posée sur la paume de la main d’une Arlésienne (bras tendu à l’horizontale), ou posée sur un plateau.
Puis la vache entre en piste pour nous faire une démonstration de course camarguaise. La course camarguaise est un sport dans lequel les participants tentent d’attraper des attributs primés fixés au frontal et aux cornes d’un bœuf appelé cocardier. Ce ne sera ici, non pas un taureau mais une vache semble t’il. Mais, quoi qu’il en soit, cela n’enlève en rien la bravoure du raseteur. Bel entrainement pour lui.
La Bandido achève ce beau spectacle. Mais c’est quoi ? C’est l’inverse de l’Abrivado désignant le transfert des pâturages vers les arènes. C’est donc ? Le transfert de l’arène vers les pâturages. Comme dans le cas de l’abrivado, il arrive que les jeunes villageois tentent de faire échapper les taureaux, afin de s’en amuser.
Poussez vous, ils arrivent..
La Journée Baroncellienne s’achève. C’est une très belle découverte qui me laisse un petit goût de reviens y. Pour plonger un peu plus dans les us et coutumes et les traditions Camarguaises.
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