Abbaye de Senanque

Entourée de lavandes, l’Abbaye de Sénanque est l’un des monuments les plus connus de Provence et du Parc Naturel Régional du Luberon.

Fondé en 1148 par des moines cisterciens venus d’Ardèche, l’Abbaye est actuellement encore un monastère en activité. A sa création, la communauté s’installe dans un étroit vallon d’1km de long pour seulement 300m de large.

Cet endroit correspond parfaitement aux prescriptions de l’ordre qui précise  » On ne doit construire aucun monastère dans les villes, bourgs ou domaines ruraux ». C’est chose faite, l’abbaye étant située au coeur de la vallée de la Sénancole, à 4km de Gordes.

Les cisterciens, remettent à l’honneur le travail manuel, la pauvreté individuelle des moines et une vie collective sévère. Selon la règle de Saint Benoit « le monastère détienne toutes les choses nécessaires : eau, moulin, jardin, boulangerie et les divers métiers en sorte que les moines n’aient aucune nécessité de courir au-dehors, ce qui n’est aucunement avantageux à leurs âmes. »

La vallée de Sénanque offre tous les matériaux nécessaires, comme la pierre et le bois, à la construction de l’Abbaye. Isolée, elle possède des terres cultivables, des pâturages et surtout un cours d’eau : la Sénancole.

l’Abbaye de Sénanque au fil du temps

En 1220, le chantier de l’abbaye s’acheve, soit une durée de près de 60 ans.

Grâce à de nombreuses donations l’Abbaye de Sénanque prospère rapidement. Reconnaissants, les Frères de Sénanque acceptent que la dépouille de Geoffroy de Venasque (généreux donateur) repose dans l’église abbatiale. Son tombeau est toujours visible dans le transept Est.

L’âge d’or de l’Abbaye

Les 13ème et 14ème siècles voient l’Abbaye accroître son domaine, son pouvoir et son influence. L’abbaye possède alors, quatre moulins, sept grange, un hôpital à Arles, plusieures maisons à l’Isle sur la Sorgue, Cavaillon, Carpentras, Marseille. Ainsi qu’une ferme à Maussane et un hospice à Pernes les Fontaines. Du Mont Ventoux à Sisteron, les troupeaux de l’Abbaye ont droit de pâturage. C’est l’âge d’or de l’Abbaye. Ceci n’étant que les biens matériels.

L’Abbaye de Sénanque jouit aussi de vingt livres de poivre et de cannelle ( 8 kg ) à prélever sur la ville de Buis les Baronnies et de dix livres d’épices ( 4 kg ) la veille de Noël sur le port de Marseille. La communauté compte alors une quarantaine de Frères.

Le déclin

Au début du 15ème siècle, la situation de l’Abbaye de Sénanque se dégrade. Période de troubles et de violences, en raison des guerres qui ravagent la région. Par conséquent, impossible de conserver le patrimoine de l’Abbaye. Les subsides s’effondrent et les vocations se tarissent. La communauté ne compte plus que trois frères en 1439.

En 1544, prémices des guerres de religion, l’Abbaye est attaquée. Les attaquants bruleront les archives et une partie de l’Abbaye. Il semblerait même que les douze moines de Sénanque auraient été pendus. Triste période pour l’Abbaye. Et çà ne s’arrête pas là. A cette période troublée se rajoutent les épidémies de peste.

En Mai 1790, durant la révolution Française, les révolutionnaires dressent l’inventaire des biens. Le 24 Septembre 1792, on vend l’Abbaye comme bien national pour 28 000 francs.  Afin de protéger Sénanque, le nouveau propriétaire prend soin d’ôter tout ce qui revêt un caractère « trop » religieux pour cette époque troublée : il fait retirer la croix qui couronne l’église, enlève les trois cloches et fait même marteler les armoiries du logis abbatial.

Le renouveau

Au début du 19ème siècle, les idées les plus folles, courent sur le sort de l’Abbaye de Sénanque. La détruira t’on pour tirer profit de la vente de ses pierres ou la transformer en usine ?

En 1854, une communauté de Frères se ré-installe à l’Abbaye. Le 29 Avril 1857, le propriétaire privé de l’Abbaye, accepte de céder son bien à la communauté monastique. On entreprendra d’important travaux de restauration et de nouveaux édifices verront le jour. Un noviciat, des ateliers et une hôtellerie monastique s’y ajoutent. A cette époque de nombreuses vocations voient le jour et pas moins de 72 moines habitent l’Abbaye. Elle rayonne alors comme foyer de charité, lieu de retraite et d’accueil. 

Coups dure pour l’Abbaye de Sénanque

Le 05 novembre 1880, les gendarmes expulsent les moines sur ordre de Jules Ferry en vertu de la nouvelle loi contre les congrégations religieuses. On autorise Trois moines à rester à Sénanque à condition de reprendre l’habit séculier (civil ou laïc).

En 1882, l’Abbaye est à nouveau vendue comme bien national pour 15 000 francs.

Dès 1889, des moines s’y ré-installent sans que le propriétaire officiel ne manifeste de réprobation.

Cependant, au début du 20ème siècle, les autorités réagissent à cette réimplantation en chassant les moines en 1903. Durant cette période d’abandon l’Abbaye, ouverte à tous les vents, subit malheureusement des dégradations.

L’Abbaye sera, à nouveau vendue le 27 juin 1905 à un rentier de Cavaillon qui en confie la gestion à un fermier. Pourtant, le 17 Mars 1921, l’État impose au propriétaire le classement monument historique des parties les plus anciennes de l’Abbaye.

En Mai 1926, une douzaine de moines s’installe à Sénanque. Le bien est racheté : Notre-Dame de Sénanque est désormais prieuré de l’Abbaye de Lérins.

En Mars 1969, les trois moines qui subsistent à Sénanque sont dans l’incapacité de faire face à la lourde charge de la gestion de l’Abbaye. Ils se retirent donc dans leur Abbaye mère de Lérins. L’abbé de Lérins décide alors de louer momentanément l’Abbaye de Sénanque à un propriétaire privé, celui-ci s’engageant durant le bail emphytéotique (compris entre 18 et 99 ans) à restaurer les bâtiments.

Il est conclu qu’au terme du contrat, le lieu sera rendu aux moines cisterciens. Le 24 octobre 1969, la société Berliet signe un bail de 30 ans qui mènera à la campagne de restauration de l’Abbaye. André Malraux, Ministre des Affaires Culturelles encourage cet accord, bien déterminé à sauver tous les chefs d’œuvre en péril.

Au début des années 1990, la communauté monastique de Lérins est suffisamment importante et envisage un retour à Sénanque. Le bail emphytéotique n’est pas à échéance, mais avec grandeur et générosité, Paul Berliet remet l’Abbaye aux Frères. Le 04 Octobre 1988, une communauté de moines cisterciens venus de Lérins se réinstalle donc à Sénanque.

La vie à l’Abbaye

Selon la charte d’organisation de l’ordre Cistercien, toute nouvelle fondation doit compter douze moines et un abbé. Il semblerait que ce ne fut pas le cas pour Sénanque. On ne mentionne que six religieux : l’abbé, trois moines de chœur et deux frères convers.

Convers vous avez dit convers ? Ce sont des religieux, non prêtre mais soumis à l’obéissance monastique, dont la vie est consacrée au travail manuel. Par leur statut, ils ne sont donc pas tenu de participer à tous les offices de la communauté. Ils ne sont pas non plus obligé de porter la tonsure et pouvaient même porter la barbe.

La communauté suit la règle de Saint Benoît et vit du travail des Frères. Culture du lavandin, oliveraie, rucher,  visites de l’Abbaye, hôtellerie et boutique monastique permettent de subvenir aux besoins de la communauté. Mais aussi et surtout de faire face aux lourdes charges d’entretien et de restauration de l’Abbaye de Sénanque.

« Le moine ne doit rien préférer à l’œuvre de Dieu », Saint Benoît.

Sept fois par jour, la communauté se rassemble dans l’église abbatiale pour prier. La journée se partage entre la prière et le travail communautaire. A Sénanque ce sont des activités agricoles :

culture du lavandin, rucher, olivraie.. et donc la production d’huile d’olives et d’huile essentielle de lavandin, la confections de biscuits et la récolte de miel. L’hôtellerie monastique assure, un revenu complémentaire.

Pour info : L’hôtellerie reçoit des personnes désirant partager la vie monastique, faite de prière dans le silence et le recueillement. Les repas sont pris en silence. La durée d’un séjour est au maximum de huit jours.

Les revenus de la boutique monastique et des visites contribuent également à l’entretien, à la restauration et à la transmission de l’Abbaye. N’hésitez donc pas..

L’Abbaye de Sénanque et la lavande

L’abbaye de Sénanque et ses champs de lavande, image de carte postale d’une Provence authentique aux senteurs estivales enivrantes.

Et pourtant, longtemps, les parcelles entourant l’abbaye ont été des pâturages et des terres agricoles plantées de pommes de terre ou céréales, assurant la subsistance des moines de l’abbaye.

Ce n’est qu’au milieu du 20ème siècle que les Frères débutent la culture de la lavande. Avant ils ne récoltaient pas encore la fleur de lavande mais produisaient des plants en vue de les revendre.

Dans les années 1970, alors que l’abbaye accueillait un centre culturel, on plante les champs de lavande tels que nous les connaissons aujourd’hui.

Aujourd’hui, c’est toujours le cas. On cultive la lavande pour sa fleur odorifère et la qualité de son huile essentielle. C’est une des ressources de la communauté.

Lavande ou lavandin ? A Sénanque nous cultivons majoritairement du lavandin, mariage issu de la vraie lavande et de la grande lavande et qui permet une culture en plus basse altitude.

Récolté sous le soleil de l’été provençal, le lavandin fraichement cueilli est alors travaillé dans une distillerie artisanale du Luberon pour produire une huile essentielle de première qualité : l’essence de lavandin.

On la décline alors en senteurs, parfumerie, mais aussi biscuits et berlingots, proposés à la boutique de l’Abbaye.

Petite info : La plus belle période pour admirer les champs de lavande se situe entre le 20 juin et le 10 juillet.


Si vous vous rendez à Gordes, n’hésitez pas à visiter l’Abbaye Notre-Dame de Sénanque.

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