La ville de Rhodes
Lorsque j’ai découvert les fortifications de la ville de Rhodes (Rodos), j’étais loin des images que je me faisais de la Grèce. Ici point de maisons blanches aux volets bleus.
L’histoire de Rhodes est liée à celle des Chevaliers. En parcourant ses ruelles on se retrouve plonger dans l’univers médiévale. Fortifications, ruelles étroites, palais…
Mais qui sont ces chevaliers et d’où viennent ils ?
Un peu d’histoire :
En 1099, les croisés s’emparent de Jérusalem. L’ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem décide de veiller sur le tombeau du Christ.
Puis en 1021, les moines soldats ont dû fuir. Ils trouvent refuge à Chypre et y installe l’ordre.
Et enfin en 1306, les chevaliers gagne Rhodes. Ils s’y maintiendront jusqu’en 1522. Ils disposent, en ce temps là, d’un pouvoir jamais atteint dans l’ordre religieux : Celui de posséder un territoire propre et d’en rester souverains.
Les Chevaliers sont en majorité des Français, comme le seront les Grands Maîtres. Ils ont fait vœu de pauvreté et de chasteté. Ils s’allient aux Rhodiens pour former une troupe d’élite et lutteront pendant deux siècles contre « L’infidèle », à savoir les Turcs.
Pourtant, en 1422 les Turco-mongols reprennent smyrne (Izmir en Turc) aux croisés et les Egyptiens bombardent Rhodes en 1440.
Rhodes résiste, mais en 1522 Soliman le magnifique se présente devant Rhodes (Rodos) avec 200 000 hommes. Après une résistance héroïque de cinq mois, la ville capitule.
Soliman accorde la vie sauve aux défenseurs : Le Grand Maître et 160 Chevaliers survivants quittent Rhodes à jamais le 1er Janvier 1523.
L’Ordre va errer sur les mers pendant 7 ans et finira par se fixer à Malte. Mais ceci est une autre histoire et un autre voyage…
Le Palais des Grands Maîtres
La fortification de la ville de Rhodes (Rodos) est caractéristique des méthodes de construction des Chevaliers. Elle tient compte de la création et de l’utilisation d’armes à la pointe de l’art militaire.
Le palais s’étend autour d’une cour intérieure de 50m de long sur 40m de large. Deux hautes tours en fer à cheval, encadrent l’entrée principale. Le Palais est la reconstruction de celui édifié par Hélion de Villeneuve. Pourquoi reconstruction ? A cause de sa destruction en 1856 par la grande explosion d’une poudrière.
Le Palais des Grands Maîtres, situé sur le site même d’une ancien temple, dédié à ?? Hélios, dieu du soleil (C’était pour voir si vous suiviez). Dans la mythologie grecque, Helios faisait partie des Titans, les dieux qui ont gouverné la Grèce avant les Olympiens. Dieu du soleil, il conduisait son char dans le ciel pour l’illuminer. Il était aussi le protecteur de l’île de Rhodes.
Aux Trucs succédèrent les Italiens en 1912. Ils eurent à cœur de reconstruire le Palais et même d’en faire une résidence d’été pour le roi Victor Emmanuel III.
La Place Hippocrate (plateia Ippokratous)
Elle est ornée d’une très « chouette » fontaine turque. Aux heures chaudes de la journée, les pigeons semblent l’apprécier 🙂
Sur la place se trouve l’un des principaux bâtiments des Chevaliers, la Kastellania. Un édifice avec un imposant escalier extérieur. Il servait autrefois de chambre et tribunal de commerce. Les négociants se retrouvaient en bas pour y conclure leurs marchés, tandis qu’à l’étage se situait le tribunal de commerce. Il abrite aujourd’hui la bibliothèque municipale.
La Place Evreon Martiron * Place des Martyres Juifs
Nous poursuivons notre visite vers la Place Evreon Martiron. Très animée, entourée de boutiques et de restaurants, elle marque la porte d’entrée de la « Juderia », l’ancien quartier juif de Rhodes. Il est possible d’y visiter la synagogue Kahal Kadosh Shalom qui est la plus ancienne synagogue de Grèce (1577) et la seule encore restante de l’île.
Vous l’aurez compris, cette place a une histoire terrible. C’est ici que, le 23 juillet 1944, les nazis rassemblent 1 673 juifs pour les déporter à Auschwitz. Tous les ans, une cérémonie se tient ici pour rappeler cette date tragique.
A l’ombre de 6 grands arbres, une colonne de marbre noir (Mémorial de l’Holocauste) commémore ce triste évènement. Sur chacune de ses faces, en Anglais, Français, Grec et Hébreu on peut lire le même message « Ne jamais oublier« .
Église Sainte Marie du Bourg
En continuant par la Rue Pindare, nous apercevons les ruines de l’Église Sainte Marie du Bourg. Bombardée lors de la deuxième guerre mondiale, il ne subsiste plus aujourd’hui que les trois absides du sanctuaire. Le chœur et les deux chapelles de cette église byzantine sont bien conservés
On accueillait ici, jadis, les nobles pèlerins et dignitaires invités des Chevaliers.
Le Port de Mandraki
le port de Mandraki est un port de plaisance, anciennement utilisé par les chevaliers pour y amarrer leurs galères.
C’est ici que vous pourrez voir, sur deux hauts piliers, les statues en bronze du symbole de l’île : le daim. C’est aussi l’endroit où, selon l’imaginaire populaire, le Colosse s’élevait autrefois, enjambant l’entrée du port.
Les 3 moulins du port servaient à broyer le grain pour la cargaison des navires. Ils ont cependant perdu leurs ailes 🙁
Au bout de la jetée se tient le Fort Saint Nicolas. Son rôle était de défendre la ville des premiers assauts des envahisseurs. Il sert aujourd’hui de phare.
Le long du port, vous verrez de nombreux bâtiments officiels construits sur l’île par les italiens dans les années 1920. Un petit air vénitien, vous ne trouvez pas ?
Mosquée Mehmet Aga
A Rhodes (Rodos), les mosquées rappellent l’ancienne domination Ottomane. Le patrimoine Turc dans la vieille ville est important. N’oublions pas que les Ottomans sont restés sur l’île de 1522 à 1912.
Dans la rue Socrate il y a un bâtiment surprenant. En fait c’est la Mosquée Mehmet Aga. Elle a la particularité d’avoir un minaret en bois.
Construite en 1820 (le sanctuaire d’origine), elle doit son nom actuel à l’officier de marine qui en finança la restauration en 1875.
Puis restaurée encore une fois en 1948, suite à une destruction. L’architecture de cette mosquée est très originale comme l’accès par un escalier extérieur, l’absence de coupole et le minaret en bois.
Une petite porte en fer forgé, le long de la rue, donne accès à l’escalier menant à l’entrée de la mosquée au premier étage. Près de la porte, il y a 3 robinets où les adeptes de la mosquée peuvent entreprendre leur rituel de lavage avant d’entrer.
Mosquée Süleymaniye ou Mosquée de Soliman
Après la prise de Rhodes (Rodos) par Soliman La Magnifique en 1522 et le départ des Chevaliers de St Jean, de nombreuses églises sont transformées en mosquées par simple ajout d’un minaret et changement de « décoration intérieure ». Mais les Ottomans construisirent également de nouvelles mosquées, parfaits exemples d’architecture classique musulmane. C’est le cas de la Mosquée de Soliman.
Située au plus haut point de la ville médiévale, c’est la plus imposante de toutes les mosquées de Rhodes. Après diverses destructions l’édifice actuel date de 1808 et se trouve à l’emplacement même de la mosquée construite en 1523 par Soliman Le Magnifique.
Juste à côté, se trouve la bibliothèque musulmane (en accès libre) fondée en 1794 par Ahmet Hafuz. On y conserve une chronique de la prise de Rhodes en 1522.
La Mosquée de Soliman est la plus importante mosquée de Rhodes, fondée peu après le siège de 1522 sur le site de l’église byzantine des Saints Apôtres (Aghioi Apostoli). A Rhodes (Rodos) il existe pas moins de 14 mosquées.
Mosquée Ibrahim Pasha
Située sur la place Sofokleous, la Mosquée Ibrahim Pasha est la plus ancienne mosquée de la ville de Rhodes (Rodos). Construite en 1540 pour le compte de Soliman le Magnifique, elle est la seule en activité et ouverte aux visiteurs. Elle se situe à seulement 3 minutes de la place Hippocrate.
L’inscription figurant au-dessus de l’entrée principale du complexe témoigne de la date de sa construction.
L’intérieur du bâtiment est austère et sans prétention dans sa décoration, contrastant avec la tendance flamboyante des monuments musulmans. Le minaret subi, au cours des siècles, une grave dégradation. Heureusement, dans les années 1930, des travaux de restauration sont commandés sous la domination Italienne.
La fontaine sur la place permet aux fidèles de faire leurs ablutions avant d’entrer dans la mosquée.
La Tour de l’Horloge
La Tour de l’Horloge est un don de Tachti Pacha aux turcs lors de son passage à Rhodes en 1851. Elle est à l’emplacement d’une ancienne tour byzantine de garde du VIIe siècle.
Mais pourquoi Tour de l’Horloge ? Lorsque les Ottomans s’installèrent dans la ville fortifiée, les habitants Grecs durent déménager vers la ville nouvelle (Neo Chorio) à l’emplacement de la Rhodes moderne actuelle. Pendant des années, l’occupation et la gestion de la vieille ville était du ressort exclusif des Turcs et des Juifs. Les Grecs ne sont autorisés à entrer dans la vielle ville que pendant la journée. Ceux qui s’y rendaient après la tombée de la nuit, prenaient le risque d’être décapités. La Tour de l’Horloge sonnait donc les heures auxquelles les Grecs étaient autorisés à entrer dans la vieille ville.
La Tour de l’Horloge est grandement endommagée par l’explosion du stock de munitions qui détruisit de nombreux monuments en 1856.
Reconstruite après la catastrophe, et avec au passage quelques rajouts baroques, elle se dresse fièrement à 30m de haut et domine la ville à 360°.
Alors n’hésitez pas.. Pour 5 Euros (gratuit pour les enfants), incluant une boisson, vous pourrez gravir un escalier étroit pour arriver au 3ème niveau, sous la cloche, et avoir un panorama sur la ville et prendre conscience de l’entendue de la citée médiévale.
La ville de Rhodes mérite bien, à elle seule, 2 à 3 jours pour la visiter. Je vous indiquerai, dans un autre article les autres endroits que j’ai aimé sur l’île. Alors entre plage et farniente, n’hésitez pas à bouger un peu pour visiter l’île de Rhodes (Rodos).
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