Santa Maria Novella et ses Cloitres

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La Basilique

Tout comme Santa Croce est liée à l’ordre franciscain, Santa Maria Novella est liée à l’ordre dominicain. Les moines de cet ordre ont obtenu en 1221 l’Église de Santa Maria delle Vigne. Elle se nomme ainsi parce qu’à l’époque, la basilique entourée de champs, se situait à l’extérieur des murs de la ville.

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En 1279, les frères dominicains commencent à construire un nouveau sanctuaire à la place de la patite eglise qu’on leur assigne. selle-ci, leur fut assignée quelques décennies plus tôt, lorsqu’ils arrivèrent à Florence pour la première fois. Ainsi naquit la basilique Santa Maria Novella (d’où son qualificatif de Novella).

Pourquoi Novella? Avant 1279 on assigne aux frères dominicains cette petite église qui, plus tard, leur servira de base à la construction d’un nouveau santuaire.

Son élégante façade, conçue par l’architecte Leon Battista Alberti, est une synthèse harmonieuse de style gothique et Renaissance. Le plus incroyable dans la façade de Santa Maria Novella est que ce n’est pas le nom de l’église qui y est mentionné. C’est celui de son mécène : Giovanni Rucellai.

Traditionnellement, le nom d’une église se grave sur la façade. Pourtant, ici, c’est le nom du mécène : Giovanni Rucellai qui y apparait.

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En regardant de près la frise en marbre de l’entablement, vous remarquerez un décor de navires aux voiles gonflées et aux haubans défaits. Celui-ci est le symbole des Rucellai, la famille de marchands, qui finança la construction de la façade de la basilique. Leur nom, visible sur l’architrave supérieure par une inscription latine: IOHA (N) NES ORICELLARIUS PAV (LI) F (ILIUS) AN (NO) SAL (VTIS) MCCCCLXX (« Giovanni Rucellai, fils de Paolo, année 1470 « ) les immortalise.

A l’époque, les grandes familles rivalisaient dans le mécénat et la promotion des arts. C’était à qui serait, aux yeux du peuple, le plus grand bienfaiteur et mécène, obtenant du même coup l’immortalité pour soi et sa famille.

À côté de l’église se trouve un cimetière (fermé) dans lequel reposent nombre de nobles florentins.

L’intérieur est principalement gothique et abrite quelques belles fresques.

Couvent Santa Maria Novella

A l’époque, le couvent Santa Maria Novella était un des haut lieux de la vie florentine. Foyer de vie intellectuelle, le couvent est une véritable université mais aussi un centre de prédication. À l’intérieur du couvent ce sont des échanges permanents entre les Frères théologiens, juristes, philosophes, artistes, prédicateurs, anciens missionnaires. Une véritable ruche de connaissances. Tous bénéficient ici des compétences et des informations de leurs confrères.

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Dans ce complexe de cloitres (entrée à gauche de l’église) nous n’avons pu visiter que le cloître vert et la chapelle des Espagnols.

. Le cloitre vert

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Le cloître vert doit son nom à la couleur verte prédominante (peinture en grisaille) dans les peintures murales. Les fresques qui décorent l’intérieur du cloitre proviennent de l’atelier de Paolo Uccello. Elles mettent en scène des passages de l’Ancien Testament : Adam et Eve, Le Préché originel, Ivresse de Noé..

La plus intéressante est celle du Déluge où Cosme de Médicis est reconnaissable dans la personne de Noé. Ces peintures devinrent rapidement un modèle pour nombre de jeunes peintres florentins.

Pour ma part, je ne garde pas un grand souvenir de ces peintures. Celles-ci sont malheureusement en assez mauvais état, puisque irrémédiablement endommagées par l’inondation de 1966.

. La chapelle des Espagnol

Au nord du cloître vert, nous découvrons la chapelle des Espagnols. Elle doit son nom aux espagnols de la cour d’Eléonore de Tolède qui fréquentèrent cette chapelle. C’est Andrea de Florence et ses aides (Andréa di Bonaiuto) qui en assurèrent la décoration.

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Des fresques, à la gloire des Dominicains recouvrent l’ensemble de la chapelle.

  • En face de l’entrée : La Passion

On y trouve des représentations de scènes de la passion du christ comme, la Montée au Calvaire (à gauche), la Crucifixion (en haut au centre) et la Descente aux Enfers (à droite).

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  • Sur le mur de gauche : le triomphe de saint Thomas et l’’allégorie des sciences

La fresque représente la philosophie développée et enseignée au Moyen Âge. Elle vise à concilier l’apport de la philosophie grecque (particulièrement l’enseignement d’Aristote et des péripatéticiens) avec la théologie chrétienne.

On y trouve donc, au centre de la composition, le père de l’école, sur un trône majestueux. Les anges qui l’entourent sont la personnification des vertus théologales (*1) que sont la Foi, l’Espérance et la Charité. Un cran plus bas, viennent les vertus cardinales (*2) que sont la Tempérance, la Prudence, mais aussi la Justice et la Force d’âme. A ses pieds se trouvent les grands perdants hérétiques: Sabellus (ou Nestor), Averroes et Arius.

*1 : Une vertu théologale est, selon la théologie chrétienne, une vertu qui doit guider les hommes dans leur rapport au monde et à Dieu.

*2 : Une vertu cardinale est une vertu qui joue un rôle charnière (« cardinal » vient du latin cardo qui signifie « charnière, pivot ») dans l’action humaine, notamment dans la doctrine morale chrétienne, et détermine les autres vertus.

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A ses côtés on trouve les auteurs bibliques. De gauche à droite il y a, Job avec son Livre, le roi David avec la cithare, saint Paul avec l’épée, puis les évangélistes, Marc, Jean, Matthieu et Luc, et Moïse avec les tables de la Loi, Isaïe avec le Livre des Prophéties et Salomon avec le Livre des Proverbes. Leur présence souligne l’importance des études de textes dans la scolastique (philisophie) dominicaine.

Dans la partie inférieure se trouvent quatorze stalles décorées. Dans chacune d’elles, siègent les personnifications féminines des sciences sacrées (à gauche) et des arts libéraux (à droite, concernant le pouvoir des langues et celui des chiffres). Au pied de chacune d’elles se trouve un illustre représentant de ces sciences.

De gauche à droite nous avons donc :

  • 01 – La Loi civile et Justinien Ier
  • 02 – La Loi canonique et Clément V
  • 03 – La Philosophie et Aristote
  • 04 – Les Écrits sacrés et Saint Jérôme
  • 05 – La Théologie et Saint Jean Damascène
  • 06 – La Contemplation et Saint Denys l’Aréopagite
  • 07 – La Prédication et Saint Augustin

  • 08 – L’Arithmétique et Pythagore
  • 09 – La Géométrie et Euclide
  • 10 – L’Astronomie et Ptolémée
  • 11 – La Musique et Tubal-Caïn
  • 12 – La Dialectique et Jean XXI
  • 13 – La Rhétorique et Cicéron en habit romain
  • 14 – La Grammaire avec Priscien de Césarée
  • Sur le mur de droite : la Via Veritas, ou l’Église militante et triomphante
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Cette fresque représente, comme son nom l’indique, l’Église militante et triomphante où les Dominicains conduisent les hommes au salut. Avez vous vu les chiens accompagnant les moines ? Outre le jeu de mots sur « Domini Canes » (Les chiens du Seigneur), la couleur noire et blanche, des chiens, évoque aussi celle du vêtement de l’Ordre. Le surnom de Chien du Seigneur a été donné aux Dominicains durant l’Inquisition alors qu’ils y occupaient les postes principaux.

Autre curiosité.. En bas à gauche, les autorités religieuses trônent devant une représentation anticipée du Duomo. Elle a curieusement déjà son apparence presque définitive. Anticipant de 35 ans sa construction, personne, à cette époque n’aurait su construire son immense dôme.

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La grande différence de cet ensemble de fresques et de celles exécutées dans les églises, est qu’elle s’adresse essentiellement aux moines. Elles constituent un programme théologique. Elles rappellent les activités principales des dominicains qui sont, la prédication, l’étude de la théologie et le combat contre les hérétiques (cathares ou franciscains).

Sur la fresque on y découvre St Dominique en train de réfuter rationnellement les arguments des hérétiques. Il est en train d’expliquer la Bible aux Fidèles comme aux Infidèles. Au-dessus, le Saint administre le Sacrement de la Pénitence, alors que les péchés viennent d’être confessés (Vanité, Gourmandise et Luxure). Ceux-ci s’apparentent, pour nous, aux simples plaisirs de la vie : danse, musique, chasse, cueillette et amour.  Un peu plus haut, on retrouve St Dominique en train de montrer aux âmes des Pénitents la porte du Paradis. Saint Pierre en détient la clé et des anges y couronnent les âmes.  

Dans la partie haute se trouve le Paradis des bienheureux. Ils regardent tous vers le registre supérieur où se trouve le Christ en gloire.  

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J’ai adoré la visite de Santa Maria Novella, mais il est temps de rejoindre, doucement, le centre ville et le Pallazo Vecchio 🙂

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